Le Comte Louis-Robert-Fortuné GUIGUES de
MORETON de CHABRILLAN est né le 6 Janvier 1832 à Paris, le second fils de Charles-Fortuné-Jules GUIGUES de MORETON de CHABRILLAN (1796-1863), ancien officier des
hussards de la garde royale, et de Joséphine-Philis-Charlotte de LA
TOUR-du-PIN de GOUVERNET de LA CHARCE (1805- 1865).
Engagé volontaire au 1er Chasseurs le
6 Novembre 1851, il entre à l'Ecole
Spéciale Militaire le 8 suivant.
Il en sort deux ans plus tard et est affecté le 1er Octobre
1853 comme Sous-Lieutenant au 4e Lanciers.
Il passe au 10e Chasseurs le 9 Février 1854, puis au 1er Chasseurs,
le 28 Septembre suivant - il ne changera plus de régiment pendant les
14 années qui suivront.
Il est promu Lieutenant en Second le 8 Novembre 1857, Lieutenant en premier
en 1858.
Il prend part à la Campagne
d'Italie du 27 Avril au 31 Juillet 1859 - il est alors détaché du
régiment qui ne participe pas aux opérations. Dans son Journal de
l'époque, le Maréchal de Castellane relate :
"26. - Le général Niel
prend auprès de lui M. Cartier, mon aide de camp depuis six ans, et M.
Louis-Robert de Chabrillan, lieutenant au 1er de chasseurs à cheval,
mon officier d'ordonnance. J'ai été charmé de pouvoir leur faire
faire campagne d'une manière si agréable."
Chabrillan est promu Capitaine le 25 Janvier 1860 - et fait Chevalier de l'Ordre de Maurice et Lazare
le lendemain.
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A l'entrée en guerre contre la Prusse, en
1870, le 5e Chasseurs (Colonel de Séréville) est affecté à la Brigade
de Valabrègue du 2e Corps de l'armée du Rhin.
Fin Juillet, le 5e Chasseurs fera des
reconnaissances ; ainsi, le 27 Juillet, "les 5e et 6e Escadrons du
5e Chasseurs à Cheval, sous les ordres du commandant de Chabrillan,
ainsi que le 67e de Ligne" partent "exécuter une
reconnaissance dans la direction du village de Saint-Arnual. Ces troupes
descendent du village de Spicheren, sur le moulin de Simbach, en suivant
la rive gauche du ruisseau et reconnaissant le chemin de Sarreguemines à
Saint-Arnual (...)".
Dans les premiers jours d'Août, le 5e Chasseurs est envoyé sur
Grosbliederstroff pour surveiller les passages de la Sarre.
Le 2e corps se replie sur Forbach le 5, puis vers le plateau d'Oeting. Le
lendemain ce sera la bataille de Spicheren.
"Le général Bataille au
général Frossard, sur le combat du 6 août" :
"(...) Le 6, vers dix heures du matin, le 5e régiment de chasseurs
à cheval, perti en reconnaissance depuis deux jours, ralliait le camp d'Oting,
et M. le colonel de Séréville ne me signalait aucune concentration
sérieuse vers Grosbliederstroff, quand le canon se fit entendre du côté
de Spicheren, où se trouvait établie, depuis la veille également, la 3e
division du 2e corps."
Le 5e Chasseurs ne sera pas mêlé au gros de l'action - un escadron est
toutefois engagé du côté de Grosbliederstrof, où un peloton du 12e
Dragons Prussiens vient en reconnaissance.
Froissard
amorcera une retraite sur Sarreguemines puis Metz.
"La brigade de chasseurs (4e
et 5e régiments) s'est mise en marche à huit heures du matin et a suivi
la grande route impériale No.74, jusqu'à la route de Saint-Avold à
Dieuze. Là la cavalerie a pris à gauche et est venue camper (...) au
Sud-Est du village d'Alstroff. Le 5e chasseurs campe, la gauche à la
route de Lening. A sa droite est le 4e chasseurs. On dresse les tentes,
mais les chevaux restent harnachés et chargés. On tient à partir au
premier signal.
Le commandant de Chabrillan, du 5e chasseurs, après avoir reconnu
les abords du village, place en grand'garde, dans la direction du Sud, un
peloton du 4e escadron, sous les ordres du sous-lieutenant Serré, avec
mention de surveiller les débouchés des villages d'Insming, d'Alberstroff,
et de se relier (...) aux grand'gardes du général Lapasset (...)."
Le corps rejoindra l'armée du Rhin,
et, le 16 Août, le régiment
participe à la bataille de Rézonville :
"Le soir, vers 7 heures,
quand tout semblait fini, l'ennemi fit un retour offensif extrêmement
vigoureux, qui parut un instant devoir changer le sort de la journée.
C'est à ce moment que la division Vallabrègue, 4e et 5e chasseurs, 7e et
12e dragons, trouva l'occasion de fournir aussi une belle charge et reprit
un aigle qui nous avait été enlevé."
Après les revers de l'Armée du Rhin,
Bazaine se retire dans Metz.
De rares tentatives de sortie ont eut lieu, et le 5e Chasseurs participe
à celle du 26 Août :
"La division de cavalerie du
2e corps a quitté son bivouac à quatre heures du matin. Le 5e chasseurs
fait momentanément brigade avec le 3e lanciers (...).
La perspective d’une nouvelle bataille réjouit les soldats : cette fois
on passera sur le ventre aux Prussiens ; on sortira par n’importe quel
côté. Bientôt le fort Saint-Julien fait parler les canons ; les
avant-postes des deux armées traitent entre eux, sur presque toute la
ligne. Le 5e chasseurs à cheval, laissant le 3e lanciers près de la
ferme de Bellecroix, s’avance hardiment au delà de cette position ;
(...) Les partisans du 5e chasseurs parcourent déjà le front de
l'armée, dans le but de reconnaître les positions prussiennes. Mais l’ennemi
n’a là que des grand’gardes et des postes avancés. Quelques coups de
feu sont tirés, de part et d'autre, sans causer aucun mal ; plusieurs
uhlans viennent même caracoler à quelques centaines de mètres du
régiment. On fait reconnaître par un peloton du 1er escadron, sous les
ordres du sous-lieutenant Delanneau, le village de Borny, situé à la
droite du champ de bataille et que l'ennemi n'occupe pas. Plus tard, les
partisans soutenus par le 6e escadron sous les ordres du commandant de
Chabrillan et par deux compagnies la brigade-mixte, font replier les
petits postes gardent leurs positions jusqu'à la nuit tombante."
La suite est connue - la capitulation de
Bazaine qui fera couler tant d'encre...et, pour son armée, la captivité
en Allemagne.
Chabrillan y sera interné du 29 Octobre 1870 au 22 Mars 1871. A
son retour de captivité, il fait "campagne à l'intérieur", à
Lyon (30 Avril et 1er Mai 1871).
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En 1873, Chabrillan est toujours Chef
d'Escadrons au 5e Chasseurs; cette année là, il est fait Chevalier de la Légion d'honneur,
le 22 Mai,
et passe Major au 1er Hussards (24 Octobre 1873) - dont le nouveau Colonel n'est autre
que... D'Agoult ! Le régiment est alors en Algérie.
Chabrillan y fera campagne à compter du 14 Novembre.
Il rentrera en France en 1875 (le 29
Mars), et passera
Lieutenant-Colonel le 18
Novembre, au 12ème Chasseurs à Cheval - prestigieux régiment dont
le Colonel sera en 1878 Robert d'Orléans, le Duc de Chartres.
Chabrillan passera Colonel le 25 Octobre 1879
: il prendra le commandement du 15ème Chasseurs.
C'est en cette capacité qu'il commandera la députation du régiment à
la grande revue du 14 Juillet 1880, à Paris, où de nouveaux drapeaux et
étendards sont donnés à tous les corps. Celui du 15e Chasseurs porte
les mentions des batailles de "Vérone, Friedland, Alba de Tormès,
Villadrigo" (ce dernier nom incorrectement orthographié "Villadiego"
sur l'étendard à sa confection - l'erreur sera corrigée en 1894).
Chabrillan est admis à la retraite par décret du 7 Juin 1882, et remplacé à la tête du Régiment par le Colonel Rosier.
Il décèdera (sans alliance) le 9
Février 1892 à Paris ; il est inhumé au
Père Lachaise.
Il était le 29e seigneur de Montcornet.
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