| Raimond-Philippe, Comte d'Agoult est né le 10
        Octobre 1824 à Montluçon (Allier) ; il est le fils d'Alphonse-Charles,
        Comte d'Agoult, "Officier Supérieur des Gardes du Corps,
        Chevalier de la Légion d'Honneur et de l'Ordre de St.Jean de
        Jérusalem", et d'Elisabeth-Stéphanie
        Deschamps de la Vareinne. Il mesure 1m64. Il rejoint l'Ecole Spéciale Militaire
        le 28 Novembre
        1844 comme "jeune soldat de la classe de 1844" (promotion de Djemmah, qui compte aussi dans ses rangs le futur
        Général de Sonis) ; il en sort avec le numéro 51 sur 280.Il est nommé  Sous-Lieutenant  au 6ème Lanciers
        le 1er Octobre 1846.
 Il sollicite alors "l'autorisation d'accompagner sa mère, que
        des raisons de santé obligent à se rendre à Rome".
 Cette autorisation est appuyée, "(...) attendu que cet officier
        est en congé jusqu'au 1er Janvier prochain, époque à laquelle il
        devra être rendu à l'Ecole de Cavalerie, pour en suivre les
        cours."
 La permission est obtenue le 10 du mois ; une occasion pour d'Agoult de
        repérer les lieux (il y reviendra, nous le verrons) et de travailler
        son Italien, dont son dossier mentionnera plus tard qu'il le
        "sait".
 Il rejoint donc ensuite l'Ecole de
        Cavalerie de Saumur, dont il sort en 1848 comme officier élève, avec
        le numéro 20 sur 39.Il rejoint alors le 1er Chasseurs, le 26 Avril 1848 - il y servira les 20 prochaines
        années.
 Il fait partie du Corps Expéditionnaire envoyé à Rome en Avril 1849 -
        c'est certainement à cette époque qu'il est décoré de  l'Ordre de Saint-Grégoire (décerné par le
        Vatican pour la défense des Etats Pontificaux), qu'il arbore sur ce
        portrait.Le 
        1er Chasseurs à Cheval, sous les ordres du
        Colonel de la Noue, est avec le 11e Dragons le seul Régiment de
        Cavalerie du Corps Expéditionnaire de la Méditerranée (2e Brigade
        Morris de la 1ère Division Regnaud de Saint-Jean d'Angély).
 D'Agoult y fait campagne du 2 Mai au 14 Octobre 1849.
 Il en revient avec la décoration de Chevalier de l'Ordre de
        Saint-Grégoire le Grand, qui lui est décerné le 20 Septembre 1849
        et qu'il arbore sur ce portrait.
 Il est promu  Lieutenant en Second
        à son retour, le 16 Octobre 1849.
        En 1852 on le retrouve Lieutenant en Premier.Il y est promu  Capitaine le 1er Octobre 1853.
 A compter du 1er Mai 1854 il occupe les
        fonctions d'Adjudant-Major.
 En 1856 il est Substitut du Commissaire
        Impérial du 1er Conseil de la 20e Division Militaire, à
        Clermont-Ferrand (le régiment est alors à Lyon et Vienne). Il devient Capitaine Commandant
        le 18 Décembre cette année là.
 Il part avec le Régiment pour deux années de campagne en Algérie
        (stationné à Mostaganem), le 6 Mai 1859. Il est promu Chef d'Escadrons le 30 Novembre
        de cette année.Le Général Rochefort, à l'inspection de 1860, le note ainsi :
 "Officier énergique et
        bien élevé ; servant bien et sachant faire servir".
 
        Le régiment reste en Algérie jusqu'en 1861 - notre homme en revient le
        30 Septembre.Il obtient encore d'élogieuses notes d'inspection cette année là :
 1861- "Très joli officier
        supérieur ; manœuvre bien et s'occupe de tous les détails du
        service" (Gal.Bertin)
 1862- "Officier supérieur
        studieux, instruit, connaissant très bien son métier et servant avec
        le plus grand zèle. Plein des meilleures intentions et d'excellents
        sentiments. Principes solides." (Gal.Reyau)
 Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 30 Décembre
        1862, ce qui nous aide à dater ce
        portrait.
 On lui prédit un bel avenir :1863- "Très capable et
        instruit. Ferme, intelligent, actif, consciencieux et dévoué à ses
        devoirs ; aime le travail, s'occupe beaucoup de son métier et possède
        toutes les qualités nécessaires pour bien commander. Fera un excellent
        Colonel." (Gal.de Noüe)
 1864- "Officier de grande distinction, calme, énergique dans le
        commandement. Fera un chef de corps remarquable." (Gal.Cassaignolle)
 1865- "Bon officier, servant avec zèle et fermeté." (Gal.d'Allonville)
 1866- "Excellent officier supérieur sous tous les rapports.
        Bien de physique, bon cavalier, connaît les manœuvres, a une voix
        très claire. Fera bien comme Lieutenant-Colonel." (Gal.Dubern)
 1867- "Bon et élégant cavalier. Intelligent, instruit.
        commande bien et avec une voix très claire. Fera toujours un officier
        très distingué dans tous les postes." (Gal.Dubern)
 1868- "Très bon officier supérieur, monte bien à cheval,
        commande bien, a des formes agréables, du calme, de la fermeté, et
        fera, un jour, un chef de corps très distingué." (Gal.de
        Fénelon)
 Il quittera le 1er Chasseurs quand il
        sera nommé  Lieutenant-Colonel  au  5ème Chasseurs à Cheval, le 22
        Décembre 1868.1869- "le Lieutenant -
        Colonel est un excellent officier supérieur ; il connaît son métier
        à fond, est très bon cavalier ; d'un caractère ferme et énergique,
        il seconde très bien son colonel ; homme bien élevé et d'un
        caractère loyal." (Gal.Legrand)
 
 Il fera la guerre de 1870 avec ce régiment, à l'Armée du Rhin où il
        entre en campagne le 19 Juillet.
 Il
        participe à la bataille de Gravelotte-St.Privat (in "Français et
        Allemands - Histoire anecdotique de la guerre de 1870-1871" de N.Hardoin) :
 "En même temps que la
        division de Forton enveloppe la brigade von Bredow sur son flanc gauche,
        le 5e chasseurs, conduit par le colonel Gombaud de Séréville, ancien
        lieutenant-colonel du 1er hussards, attaque le flanc droit de la
        cavalerie ennemie et se trouve tout à coup en présence du 16e uhlans,
        que les dragons de Murat ont vigoureusement ramené.
 A la vue de la cavalerie prussienne, le colonel de Séréville porte son
        régiment en avant, au galop. Les uhlans, surpris en apercevant les
        dolmans verts à tresses noires de nos chasseurs, se disposent à jeter
        leurs lances à terre, pour prendre leurs sabres en main, et veulent se
        ranger en bataille pour les attaquer.
 Le colonel de Séréville ne leur en laisse pas le temps et enlève
        vivement son régiment à la charge.
 A peine le mot "Chargez !" est-il prononcé que l'on voit le
        5e chasseurs à cheval tomber comme le vent sur l'ennemi et hacher tout
        ce qu'il trouve devant lui. On voit ces bouillants cavaliers pousser
        leurs chevaux dans le flanc droit du 16e uhlans engageant immédiatement
        un combat individuel corps à corps et mettant les cavaliers d'Altmark
        dans l'impossibilité de manier leurs lances.
 Le lieutenant-colonel d'Agoult est blessé de deux coups de lance. Le
        commandant de Labrousse a son cheval blessé.
 Tous nos officiers qui tiennent la tête de l'attaque sont admirables de
        bravoure. (...)
 Le maréchal des logis Maréchal dégage le lieutenant-colonel d'Agoult,
        blessé et entouré de uhlans. (...)"
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      | Les coups de lance ont porté "l'un
        au côté gauche, l'autre à l'épaule droite".Il partira en captivité en Allemagne
        - il sera prisonnier de guerre du 28 Octobre 1870 au 22 Mars 1871.
 A
        son retour il servira "à l'intérieur" à la "répression
        des troubles de Lyon" en 1871.Il est nommé  Colonel du  1er Hussards le 29 Février 1872 - cette année
        là le régiment part pour Sétif, en Algérie pour trois ans. D'Agoult
        y restera du 12 Avril 1872 au 12 Avril 1875.
 Il est fait  Officier de la Légion d'Honneur le 18 Juillet 1876
        ; sa décoration lui est remise le 9 Août suivant, à Melun, par le
        Général de Montarby, Commandant la 1re Brigade de Hussards.
 Ses
        notes restent bonnes mais sont toutefois maintenant moins appuyées ; on
        pressent qu'il est arrivé au faîte de sa carrière :1878-"Sous le rapport des
        sentiments, de l'honorabilité des façons, de l'instruction générale
        et professionnelle, Mr. le Colonel d'Agoult ne laisse rien à désirer.
        Il commande avec beaucoup de calme et de sollicitude le 1er Hussards,
        qui est certainement un beau et bon régiment.
 Je ne puis que regretter un peu de manque d'entrain dans tous l'ensemble
        de ce commandement, et j'attribue cette imperfection à trop
        d'embonpoint dans la personne du chef de corps et peut être trop de
        bienveillance pour ses officiers si près de Paris."  (le
        Gal.Inspecteur).
 1879-"Cavalier encore solide, malgré son, âge et sa
        corpulence, le Colonel d'Agoult est un chef de corps distingué, qui
        peut rendre de bons services dans le grade d'officier général, dont
        ses excellentes qualités militaire, son ancienneté dans le grade de
        Colonel et ses nombreuses Campagnes le rendent dignes à tous
        égards" (Gal.Doutrelaine).
 Il
        repartira en Afrique, en Tunisie cette fois. Il embarque le 3 Mai 1881,
        débarquant à Bizerte le 6 au soir. Il rembarquera à Bizerte dès le
        27 Juin suivant, rentrant à Marseille le 30 Juin 1881.Manifestement les choses ne se sont pas passées comme il l'aurait
        souhaitée ; son général de Brigade le note dans son rapport du 24
        Août :
 1881-"Le Colonel d'Agoult
        est depuis plus de 10 ans Chef de Corps - Son zèle s'est émoussé et
        son caractère s'est aigri fortement à la suite de l'expédition de
        Tunisie où il s'est vu préférer un Colonel bien moins ancien que lui.
        Il est à désirer dans l'intérêt de son régiment et dans le sien
        propre qu'une décision vienne le tirer de cette incertitude ?" (Gal.
        Guyon-Vernier)
 Une décision
        semble prise puisque d'Agoult rembarquera peu après pour la Tunisie (le
        12 Septembre suivant), débarquant à La Goulette le 14. Il en rentrera
        le 29 Juin 1882 - bientôt Commandeur de la Légion d'Honneur,
        par décret du 5 Juillet.Son collier lui sera remis le 14 Juillet à Marseille par le Général
        Vincenson, Commandant la 58e Brigade d'Infanterie.
 Ses
        dernières notes d'inspection annoncent sa retraite prochaine :"A fait les deux campagnes
        de Tunisie avec son régiment ; fort honorable mais semble se
        désintéresser des progrès de son arme, et s'est abstenu d'assister
        aux manœuvres de cavalerie auxquelles je l'avait convié ; je crois
        devoir renouveler sa proposition pour officier général, en raison de
        ses services de guerre, mais sans l'appuyer." (L'Inspecteur
        Général).
 Retraité le 31
        Juillet 1884, il décède le 24 Mai 1888 à la Vareinne.Il avait épousé le 27 Mars 1851 Louise-Françoise-Eulalie Guigues de
        Moreton de Chabrillan (1827-1894), dont il eut deux fils,
        Charles-Hector-Isnard (1855-1864) et Foulques (décédé en 1881).
 Sa soeur, Alix d'Agoult, née en 1838, avait épousé en 1861 le Comte
        Paul de Moreton de Chabrillan - un cousin du  Comte Robert de Chabrillan
        qui fut officier au 1er Chasseurs, 5e Chasseurs et 1er Hussards.
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