Russie
Leib-Gvardii Grodnenskii Gusarskii polk.

Carte de Cabinet atelier "Illustré Soleil du Dimanche" à Paris, signée
& Cartes Postales non voyagées (voir ci-dessous)

Jaime de Bourbon en Lieutenant des Hussards de Grodno
L.-Gv. Grodnenskii Gusarskii polk

Jaime (ou 'Jacques') de Bourbon est né le 27 Juin 1870 à la Tour-de-Peilz, en Suisse.
Il est le fils aîné de Don Carlos, prétendant au trône d'Espagne.

Il étudiera à l'Académie Militaire de Wiener-Neustadt en Autriche (1890-93), puis rejoindra l'Armée Impériale Russe en 1896, comme Enseigne au 24e Régiment de Dragons de Lubny.
En 1898 il est transféré aux Hussards de la Garde de Grodno.
Le 25 Décembre 1898 on apprend au gré d'un communiqué de Don Carlos (dont la rumeur annonçait l'abdication en faveur de son fils) que Don Jaime est à Varsovie avec son régiment.

L'année suivante, c'est en sportsman qu'il défraye la chronique (New York Times, 27 Août 1899) :
"DON JAIME NOW AN AERONAUT.
SON OF SPANISH PRETENDER TRAVELS BY BALLOON IN RUSSIA.
CHICAGO, Aug. 26 - The Record's Moscow correspondant cables the following :
"Don Jaime of Bourbon, son of Don Carlos, the Spanish pretender, has arrived at Moscow. In company with a small party of professional French aeronauts, he started on a balloon voyage, traveling in the air 200 versts (132 miles) to a village near Vladimir, where with great difficulty a descent was made.
The party is bound for Tashkend, Turkestan, where considerable time will be spent in hunting."

Passé Lieutenant, il se portera volontaire pour servir en Extrême-Orient en 1900, lors des troubles de Pékin, et le journal Austro-Polonais "Cas" rapportera son départ de Varsovie le dimanche 5 Août pour Tien-Tsin, via Odessa.
A Pékin la crise -qui ne dura, de célèbre mémoire, que 55 jours- sera bientôt résolue, Pékin étant reprise le 14 Août. Ce n'est toutefois pas la fin des opérations puisque la Russie profitera de l'occasion pour occuper la Mandchourie - les troubles prendront fin le 16 Octobre à la signature de l'accord de Yang-Tsé. A la fin de la campagne, Don Jaime partira au Japon en convalescence, comme l'a relaté Pierre Loti dans "La Troisième Jeunesse de Madame Prune" (p 128) :
"C'était dom Jaime de Bourbon, fils de dom Carlos, et prétendant carliste au trône d'Espagne. Engagé dans l'armée russe, il avait demandé d'aller en Extrême-Orient, pour guerroyer, par humeur française, et maintenant il était là, convalescent d'un typhus grave pris en Mandchourie."

On en apprendra un peu plus dans un article publié par The Times le 13 Mars 1901 :
'Paris, March 12
My Marseilles correspondant telegraphs :-
"The eldest son of Don Carlos, Don Jaime of Bourbon, who took part in the Manchurian expedition and who had only just left the Japanese hospital at Nagasaki after a severe attack of typhus, arrived at Marseilles this morning. Don Jaime is a lieutenant in the Russian army, his regiment being stationed at Warsaw. he was in Chi-Li, in the fort of Pei-tang, when the explosion occured by which 160 Russians were killed. he wasonly slightly bruised. Questioned as to the alleged intention of Don Carlos to abdicate his problematic rights in favour of Don Jaime, he said that his father had no intention of abdicating. 'If he were to do so, however,' he added, 'he knows that he can count on me. I shall soon leave the Russian army to play the rôle reserved for me by event, but while I wear the Russian uniform I shall have nothing to do with politics. I am off now to see my father in Venice, and thence I shall go to St. Petersburg to see the Tsar. I follow Spanish affairs not as a mere spectator, but as one who at a given moment may be called personnally to take part in them.' None of Don Jaime's countrymen met him at Marseilles.

De sa campagne il sera récompensé par l'Ordre de Sainte-Anne de 4e Classe, et l'Ordre de Saint Vladimir avec glaives.

On retrouvera Don Jaime sur la Côte d'Azur en janvier 1902, où il sera convalescent. En février, on rapporte de Nice que sa santé est atteinte ; s'il se remet d'una ccident de voiture, c'est surtout la diphtérie qui inquiète (sa santé est mauvaise depuis son retour de Chine). Il se rétablira puisqu'en Juillet cette année là, il se rendra en Serbie, visitant la Cour à Belgrade.
En janvier 1903 c'est à Menton qu'il est signalé ; en octobre cette année là, il fait du ballon avec l'aéro-club de France à Saint-Cloud, en compagnie de son beau-frère, le Grand Duc Léopold  Salvator...
A partir de 1904 il est mentionné dans l'Almanach de Gotha comme étant "à la disposition du commandant des troupes de la circonscription militaire de Varsovie" ; voire, avec ses multiples activités !

En 1904, les relations entre la Russie et le Japon se durcissent à propos de la Mandchourie, et le 10 février, c'est l'attaque de la flotte Russe à Port Arthur, quatre jours après une déclaration de guerre.
Le 12 Mars, le Général Kuropatkin, qui vient d'être été nommé "Commandant de toutes les forces combattantes s'opposant aux Japonais sur Terre et dans les mers", part pour le front. A Saint-Pétersbourg, on annonce que Don Jaime de Bourbon et le Prince Arsène Karageorgevitch se préparent à partir pour l'Extrême-Orient.

Une affaire rocambolesque précède son départ : le 28 Avril, son secrétaire particulier, Ernest Deligne (qui s'était fait passer pour  "Comte de Spa et Prince de Ligne" pour gagner la confiance du Prince) est condamné à dix mois de prison pour avoir mis au clou le collier de diamants de Marie Antoinette, héritage de Don Jaime qu'il avait prêté à sa sœur, la princesse Alice de Bourbon. Celle-ci en avait constaté la disparition lors d'un séjour à Spa.

Le 30 Mai, on annonce que Don Jaime a fait une chute de cheval, mais qu'il n'est que légèrement contusionné.
Il rejoint Niu-chwang le 23 juin, "partant immédiatement pour le front". 

The Times relate dans son édition du 3 Août 1904 :
"Rome, Aug. 2
The Giornale d'Italia publishes several letters from Don Jaime, son of Don Carlos. the first, dated from Wa-fang-tien, June 9, describes the sufferings of the Russian camp from the continual robberies of the Chinese and the want of provisions and fodder. In another letter, written at Lian-yang on June 18, Don Jaime again complains of the lack of provisions. for 36 hours the Russians had had nothing but a little tea and sugar, and the troops kept up their strength as best they could on tobacco and tea.
General Samsonoff, the letter continues, performed prodigies of valour in the battles at Wa-fang-kau on June 13, 14, and 15, when the Japanese shrapnel literally mowed down the Russian ranks. Don Jaime estimates the Russian killed at from 3,500 to 4,500. The Russians lost 17 guns. They took with them in their retreat about 1,000 wounded, many of whom, however, died.
Don Jaime declares that the shortage of bread continues because the depôts at Wa-fangtien were burnt in the retreat and the Russians were not prepared for the sudden turn taken by the events."

Le New York Times relate (édition du 23 juillet 1904) à propos de cette évacuation :
"TALES OF JAPANESE BARBARITY.
Paris, July 22. (...) Opinion here is incredulous on the subject, apropos of which, however, an interesting private letter has just been received from Don Jaime de Bourbon.
Don Jaime, who is the eldest son of Don Carlos, the Pretender to the Spanish throne, is serving with Gen. Samsonoff. He relates that on evacuating Wa-fang-Tien he drew up a proclamation in French and in big letters, in which he mentioned two cases of mutilation and begged the Japanese officers to restrain their men from such uncivilized practices.
To this document Don Jaime affixed his royal signature."

Don Jaime sera de retour à Niu-chwang fin juillet 1904 alors que l'évacuation Russe se prépare.
Le 25 Novembre 1904, le New York Times rapporte qu'il est décoré à Saint Pétersbourg de l'ordre de Saint-Anne par Kuropatkin, pour "gallantry in several engagements"

Don Jaime sera à Paris en 1909 lorsque son père décèdera et qu'il deviendra Prétendant au trône d'Espagne. C'est l'année où il passe Capitaine de 1ère Classe, toujours aux Hussards de grodno.

Il quittera alors l'Armée Russe, avec le grade de Colonel et la permission de porter l'uniforme.

Lorsque la guerre de 1914 éclate, Don Jaime est placé aux arrêts dans son château de Frohsdorf - officiellement pour son grade dans l'Armée Russe, en fait pour avoir appelé ses partisans à soutenir la France. Il lui sera donné de chosir entre la captivité pour la durée de la guerre et l'exil - il partira pour la Suisse. 
Il finira ses jours entre l'Autriche et Paris où il décèdera le 2 Octobre 1931. Il est enterré en Italie.

The Times publiera sa notice nécrologique le 5 octobre :
"THE DUKE OF MADRID
SOLDIER AND TRAVELLER
The sudden death in Paris at the age of 61 of don Jaime de Bourbon, second Duke of Madrid, almost on the morrow of his reconciliation with King Alfonso, which was announced in our later editions on Saturday, removes a figure of interesting historical associations. But it was not generally known, except to his intimate friends, that he was a soldier, a traveller, and a man of remarkable personality. King Alfonso visited the house on Saturday.
Born at Vevey on June 27, 1870, the only son of Don Carlos, first Duke of Madrid, and Marguarita, Princess of Bourbon-Parma (granddaughter of Charles X of France), Don Jaime was but a child when his father made his now almost legendary bid for the throne of Spain ; though the chronicles of that campaign are not lacking in graphic descriptions of the boundless enthusiasm with which the boy-prince's brief visits to the battlefields were received by the Carlist troops. He was educated first in France, at the college of Vaugirard, and subsequently at Beaumont ; and it is understood that plans were mooted for his entering Sandhurst, although political considerations caused the scheme to be dropped. He went instead to the Austrian Military Academy of Wiener Neustadt, and having passed his examinations brilliantly, in 1896 entered the only army in which the career of a soldier on active service was open to him-that of Russia. He rose to the rank of lieutenant-colonel in the Guards Regiment of the Grodno Hussars. He took part with great distinction in the Boxer Expedition and the Russo-Japanese War, showing great bravery, notably in the battles of Pei-tang, Liao-Yng, and Vafungon, and gaining incidentally a close acquaintance with the Far Eastern mind, on which he was most illuminating in conversation.
On the death of his father in 1909, when he succeeded to the headship of the House of Bourbon, he retired from the Russian Army, and thenceforward divided his time principally between Paris and the Château of Frohsdorf, in Lower Austria, which Don Carlos had inherited from the Comte de Chambord ; though his active spirit continually drove him to undertake extensive journeys in all parts of the world (including Spain, which he visited several times secretely). He did not marry, and the position of senior prince of the House of Bourbon now devolves upon his uncle, Don Alfonso, the younger brother of Don Carlos, who was born in London on September 12, 1849, and is now living in the Château of Puchharin, in Lower Austria.
Even the bare recital of the external facts of his life gives the indication of a singularly alert and energetic temper, and Don Jaime did indeed accumulate a fund of experience in various fields which, thanks to his remarkable intelligence, made him an uncommonly perspicacious judge of men and events, capable, too, of an incisive expression which reminded one of his direct ancestor, Henri Quatre. Of Spain his knowledge was unrivalled, and his forecasts of the developments of a political situation there were generally justified by events. Having a first-hand experience of the horrors of the modern battlefield, the whole idea of a civil war was intensely repugnant to him, and he would never countenance any schemes involving armed action in support of his claims. A man of thoroughly modern outlook, he represented the very antithesis to cheap romanticism, and yet there was in him a very deep and peculiar romantic strain. Anyone who experienced his charming hospitality, say in the modest apartment occupied by him in the Avenue Hoche, in Paris, could not fail to perceive that the family portraits hanging on the walls-a lovely vision of the Grand Dauphin, by Nattier, a vigorous head of the Duc d'Angoulème, by Lawrence, and many others-conveyed a definite message, and the same was true of the touching expressions of fidelity which ceased not to reach him from every part of Spain. Kindly and wise, approaching interlocutors of every shade of opinion with the same easy dignity, and himself familiar with every variety of political thought, he seemed a real embodiment of the tradition of Old Europe.
"

Le Dolman est vert foncé à Brandebourgs blancs.
Parmi ses décorations :
- Ordre de St.-Stanislas de 2e Classe (avec Glaives)
- Ordre de Ste.-Anne de 3e Classe (avec Glaives)
- Ordre de St.-Vladimir de 4e Classe (avec Glaives)
- Médaille commémorative de la Campagne de Chine de 1900
- Médaille commémorative de la Guerre Russo-Japonaise 1904-1905
- Ordre de Leopold (Belgique)
- Ordre de la Couronne (Prusse)

 

Le Docteur Guimbail, a qui la photo est dédicacée, semble également être un célébrité, Henri Guimbail, qui a beaucoup publié ; voilà quelques uns de ses travaux :
in "Annales De psychiatrie et D'hypnologie" de 1891 :
- Etude médico-légale sur Gabrielle Bompard, Clermont (Oise)
- Etude médico-légale sur un cas de morphinomanie conjugale : l'affaire Wladimiroff
- La dermographie
- La dyspepsie des lypémaniaques

Les Morphinomanes (1891)
(dont les chapitres ont des titres évocateurs : Comment on devient morphinomane / Les Prédestinés / Ephémère volupté et supplices durables...)

La Thérapeutique Par Les Agents Physiques (1900)
Hydrothérapie - Electrothérapie - Thermothérapie - Frigothérapie - Kinésithérapie - Climatothérapie - Thalassathérapie, Etc.

Loin de moi l'idée pernicieuse d'imaginer un lien entre les sujets étudiés par le Docteur Guimbail et son noble dédicataire !