France
5e Hussards

Médaille de la Campagne d'Italie, modèle d'Ordonnance signé Barre

Médaille attribuée à Claude Depernon, 5e Hussards
On a parfois la chance de rencontrer des Médailles dont l'identité du récipiendaire a été gravée ou pressée, souvent sur la tranche.
C'est le cas de cette Médaille Commémorative de la Campagne d'Italie, dont la tranche porte l'inscription :

"DEPERNON CLAUDE AU 5 HUSSARDS 3802".

Grâce au registres matricules conservés au SHD de Vincennes, il est parfois possible de suivre la carrière militaire du récipiendaire.
C'est ici le cas grâce aux recherches de Gérard Massoni que je remercie vivement.


"DEPERNON Claude, matricule 3802.
Né le 19 décembre 1837 à Saint Sernin du Plain, canton de Couches, département de Saône et Loire.
Fils de Pierre et Claudine LAPLANCHE.
Profession : vigneron
Taille 1,69 m, yeux bleus

Incorporé le 24 décembre 1858, comme appelé, inscrit comme n° 788 de la liste du contingent du département de Saône et Loire.

Arrivé au corps le 16 janvier 1859 (en Algérie). En Afrique du 14 janvier 1859 au 16 mai 1859.
Affecté dans un premier temps au 5e Escadron (Sétif, puis camp de manœuvre de Constantine).
Affecté au 1er escadron (capitaine Kerchner) quitte l’Algérie à Bône, le 16 mai 1859.

Débarque à Gênes, le 19 mai 1859 avec le 1er et 2e escadron – le 3e escadron a débarqué à Gênes dès le 8 mai, le 4e escadron le 12 mai.

Le régiment, avec le 1er Chasseurs d’Afrique, forme la brigade PLANHOL, division DESVAUX, 1er Corps (maréchal Baraguey d’Hilliers), mais la division DESVAUX marche avec le 4e Corps (maréchal Niel) à la bataille de Solferino.

Le 1er escadron charge au début de la bataille un parti isolé d’ennemis et lui fait de nombreux  prisonniers. Le 1er escadron participe à la grande charge de la brigade Planhol (le capitaine commandant le 1er escadron est blessé d’un coup de baïonnette).


5e Régiment de hussards
1er Escadron.
RAPPORT SUR LA BATAILLE DE SOLFERINO (24 JUIN 1859)

La division de cavalerie était en marche depuis le jour lorsque, vers six heures, je reçus l'ordre de déployer deux pelotons en tirailleurs. Arrivé à 4 ou 500 mètres en avant, l'autre division de mon escadron fut placée derrière notre artillerie pour la soutenir. J'étais là depuis dix minutes environ, lorsque je m'aperçus que, sur ma droite, des tirailleurs autrichiens cherchaient à nous inquiéter ; je fis prévenir immédiatement le général Desvaux, qui vint en personne me donner ordre de faire division à droite et de charger en fourrageurs. Aussitôt que l'ennemi s'aperçut de notre mouvement, il se forma en plusieurs carrés et nous reçut par une fusillade assez vive, ce qui ne nous empêcha pas de les enfoncer en peu de temps ; les uns continuèrent à se défendre, les autres prirent la fuite.
Pendant que quelques hommes cherchaient à réunir les prisonniers, un hussard vint me prévenir qu'un nouveau groupe s'était formé et cherchait à se défendre. Je m'y portai de suite avec quelques cavaliers et leur fis mettre bas les armes, après avoir essuyé leur décharge.
C'est à ce moment que le commandant Pelletier, qui se rendait aussi sur ce carré, reçut une blessure à la main droite.
Vingt minutes s'étaient à peine écoulées, que la division, composée de 50 hommes environ, ramenait 180 prisonniers, parmi lesquels un colonel et plusieurs officiers, qui furent confiés à une compagnie d'infanterie qui se trouvait à quelque distance de nous. Le général Desvaux vint alors complimenter l'escadron sur sa belle conduite dans cette charge.
Les pertes dans cette affaire ont été de 5 blessés, dont 1 mort à la suite de ses blessures (le maréchal des logis Morel).
L'escadron alla de suite rejoindre le régiment qui s'était porté en avant. Jusqu'à trois heures et demie, il a essuyé, comme tout le régiment, le feu de l'artillerie ennemie, qui lui a tué un trompette et 6 chevaux ; c'est alors que le colonel me donna l'ordre de déployer l'escadron en tirailleurs pour soutenir l'infanterie du général Niel, qui était vivement attaquée par l'infanterie autrichienne. Il était à peine dispersé, qu'il fut rallié, et le colonel chargea à la tête de la première division du régiment qui fut reçue par la mitraille.
La charge fut poussée avec beaucoup d'entrain ; mais le terrain était si défavorable, la poussière et la fumée si épaisses, que les premiers cavaliers, arrivant individuellement sur les carrés, se trouvèrent repoussés momentanément par le nombre ; mais bientôt enlevés par le lieutenant-colonel, ils poussèrent une seconde charge qui porta le trouble dans les rangs ennemis.
Blessé dans la première charge d'un coup de baïonnette au dessous de l'œil droit, j'avais remis le commandement de l'escadron au capitaine en second.
Nos pertes dans cette seconde affaire ont été de 1 officier blessé, 3 hommes de troupe tués, 10 blessés et 2 disparus, ce qui, réuni à celles du matin, donne un total de vingt-deux hommes mis hors de combat.
Ponte-Curone, le 26 juillet 1859.

Signé : Kerchner.


Le 1er escadron quitte l’Italie le 16 août, traverse Menton, Nice (la Savoie à l’époque) et rentre en France à Cannes.
Le régiment est dirigé sur Castres, puis en avril 1860 à Chartres – au camp de Chalons jusqu’en septembre – puis en garnison à Paris en 1861 et au Mans en 1862.Claude DEPERNON fut par la suite affecté au 2e puis au 3e escadron – il ne participe pas à l’expédition du Mexique (1er escadron puis 2e escadron).
Nommé hussard de 1ère Classe le 25 juillet 1862. Libéré définitivement le 31 décembre 1864 – se retire à Saint Sernin du Plain. A reçu la médaille de la campagne d’Italie et un certificat de bonne conduite."


Grands mercis à Gérard Massoni pour ses recherches