France
3e Hussards

Carte de Visite Atelier Alary & Geiser à Alger

Major Carrichon en Algérie (1861-65), en petite tenue


Thomas Carrichon est né le 28 novembre 1812 à Villefranche-sur-Saône, le fils de Jean-François Carrichon (décédé à Villefranche  le 22 septembre 1843) et de Benoîte Perreyon (décédée à Villefranche le 12 Septembre 1820).

Thomas Carrichon est engagé volontaire comme soldat au 15e Régiment d'Infanterie Légère le 18 juin 1831.
Il passe Caporal le 9 Septembre 1832, puis Sergent-fourrier le 1er Janvier 1834.
Le 5 Avril 1836, il est cassé de son grade et transféré à la 1ère Compagnie de Fusiliers de Discipline : c'est là qu'il est envoyé en Afrique, où il fera l'essentiel de sa carrière puisqu'il y passera les 20 prochaines années (il y retournera d'ailleurs par la suite).


Il passe dans la Cavalerie le 14 janvier 1837, date où il est transféré comme Spahi aux Spahis Réguliers d'Oran.
Le 7 Mai 1837, il y est promu Brigadier, puis Maréchal des Logis le 6 Avril 1838 - il aura mis deux ans à retrouver son grade.

Il y passera officier, nommé Sous-Lieutenant le 11 décembre 1840.
Le 11 Septembre 1844, il est promu Lieutenant au 2e Régiment de Spahis.
Le 16 Août 1845, il épouse Léonore Joseph Vadastine Nock, alors domiciliée à Oran.
La demande d'autorisation de mariage, faite par "M. le Gouverneur Général de l'Algérie" précise que "Mlle Nocq jouit, ainsi que sa famille, d'une bonne réputation, qu'elle a en mariage une somme de trois mille francs & que ses espérances de fortune peuvent être estimées à environ 15.000 f."
Un peu plus d'un mois plus tard, le 19 septembre, l'Algérie est secouée par le "Massacre de Sidi-Brahim", qui créée un branle-bas général, particulièrement dans les provinces d'Oran et d'Alger.

Il sera promu Capitaine Trésorier au 2e Spahis le 21 juin 1846.
C'est là que naîtra le 7 Mai 1848 son fils Emile Paul Aimé Carrichon, qui sera plus tard officier au 3ème Hussards.
Son épouse décède à Misserghin (banlieue d'Oran) le 5 Novembre 1849.
Thomas Carrichon sera décoré de la Légion d'Honneur le 10 Décembre 1849.

Les notes d'inspection de Thomas Carrichon sont élogieuses sur ses capacités, et annoncent son futur emploi de Major :
1850 : "Fort capable et excellent comptable. Sert avec beaucoup de zèle et d'intelligence. Fera un bon Major." (Général L'Etang)
1851 :
"Cet Officier est doué d'une intelligence supérieure ; il remplit avec beaucoup de zèle les fonctions de Trésorier pour lesquelles il a une aptitude tout à fait remarquable. Il est très susceptible de faire un excellent Major. Sa conduite, sa tenue sont irréprochables."  (Général Yusuf)
1852 : "Officier bien élevé et bien tenu. Comptable très remarquable et très précieux pour les Spahis dont il connaît parfaitement l'administration. Officier honorable, qui ferait dès aujourd'hui un excellent Major." (Général Bouscaron)
1853 : "Excellent Officier. Très intelligent. Très capable et très laborieux. Sert avec le plus grand zèle et remplit les fonctions de Trésorier avec beaucoup de distinction. Fera un très bon Major" (Général Yusuf)
1854 : "Très bon Officier. Montant assez bien à cheval. Actif, zélé ; entendant parfaitement la comptabilité. A tout ce qu'il faut pour faire un très bon Major." (Général Comte de Grouchy)

Thomas Carrichon sera témoin au mariage de nombre de ses frères d'armes, ce qui nous renseigne sur sa résidence dans ces années :
- le 12 mars 1851 : Thomas Auguste Carrichon, capitaine trésorier au 2ème Spahis, Chevalier de la Légion d'Honneur, est le témoin du mariage de Louis Mathieu Sauzède (Capitaine au 2ème Régiment de Spahis âgé de 35 ans) avec Marie Françoise de Moll.
- le 27 août 1853 : Auguste Thomas Carrichon, 40 ans, capitaine au 2ème Spahis, est le témoin du mariage de Célestin Ambroise Mayeux (sous-lieutenant au 2ème Régiment de Spahis âgé de 33 ans) avec Rose-Marie Sesantis.
- le 24 novembre 1855 :  Auguste Thomas Carrichon, 41 ans (sic!), capitaine trésorier au 2ème Spahis, est le témoin du mariage de Pierre Rambaud (Lieutenant au 3ème Régiment de Spahis, directeur de la colonie pénitentiaire de Sidi Brahim âgé de 35 ans ) avec Catherine Justine Freycenon.

On sent enfin son avancement tout proche dans ses notes d'inspection pour 1855, rédigées par le Général Darrière :
"Officier très remarquable, sous les rapports militaires et principalement dans les rapports administratifs. Il est la cheville ouvrière du Corps depuis de longues années. Sujet des plus méritants. A faire avancer."


Thomas Carrichon rentrera en effet en métropole, promu Major au 3ème Hussards, à Libourne, le 27 juin 1856.
Le Général Noël l'indique dans ses notes d'inspection pour 1856 :
"Vient d'arriver au Corps où il est encore inconnu."

Le 14 Novembre de cette année là, il obtient l'autorisation de se remarier avec Louise Cécile Dorothée Joseph Plouvier, "majeure propriétaire" (née à Steenwerk le 7 février 1831, fille de Louis Dominique Charles Plouvier, Notaire Royal décédé à Ems -Duché de Nassau- le 28 Mai 1846, et de Marie Thérèse Joseph Devos, propriétaire domiciliée à Steenwerk) - mariage qui aura lieu le 3 Décembre 1856.
On notera qu'un des frères de Mlle Plouvier, Louis Désiré Dieudonné, est lui-même marié avec une Laurence Nocq - qui était le nom de la première épouse de Carrichon.

Ses notes d'inspection révèlent qu'il est retourné en Afrique l'année suivante :
1857 : "N'a pas paru à l'inspection étant chargé d'une mission en Afrique, mais la bonne tenue de la partie administrative du Corps témoignent nettement en sa faveur."  (Général Noël)

Ses notes montrent que manifestement on ne lui envisage pas vraiment d'avancement au-delà de cet emploi de Major qu'il semble occuper à la satisfaction générale :
1858 : "Très bon officier supérieur, rempli de zèle et de capacité - Major remarquable - très méritant" (Général de Cotte)
1859 : "Remplit remarquablement ses fonctions administratives ; laisse à désirer sous le rapport de l'équitation." (Général de Grammont)
1860 :
"Officier bien élevé, instruit, d'une tenue parfaite. Est resté très longtemps en Afrique, où il a bien fait la guerre avant d'entrer dans la comptabilité - très intelligent, énergique - Comptable distingué et d'une grande loyauté. Monte assez bien à Cheval, mais n'a pas une instruction militaire très forte. Peut commander le régt à la manœuvre - Sert avec un très grand zèle et se rend très utile. Très méritant." (Général Féray)

Thomas Carrichon est fait Officier de la Légion d'Honneur le 21 Juillet 1861.
C'est en cette année 1861 que le 3ème Hussards est envoyé en Algérie, à Blidah (Thomas Carrichon arrivant en Afrique le 14 Septembre). Comme on peut le voir sur ce document, ils partent étonnement avec les talpacks perçus en 1860. On peut imaginer que la coiffure n'est pas la plus adaptée aux conditions climatiques !
Le général Morris, inspectant le corps en 1864, écrira :
"Le talpack en service depuis quatre ans est de bonne qualité, mais sous l'influence du climat, la fourrure se détériore facilement".

Voilà qui a du tracasser notre Major ! Puisque nous parlons du talpack, on remarquera le plumet tricolore, bleu en bas, et le pompon argent (pour les officiers), typiques du Petit État-major. Le talpack n'est réglementairement pas porté en petite tenue.
Autre marque de la fonction de Major, on discerne sur sa manche droite un quatrième galon de couleur opposée aux boutons (donc trois galons argent et un or) qui en est caractéristique :

Le ceinturon porte giberne porte la tête de lion, qui est une marque traditionnelle des Hussards.
On appréciera la pelisse de petite tenue, qui n'est plus réglementaire depuis 1860 (mais sera portée jusqu'à la guerre de 1870). Pelisse et dolman sont "gris argentin" au 3ème Hussards. Les tresses sont blanches/argent, mais pour les effets de petite tenue les officiers possèdent des tresses en poil de chèvre noir.
Enfin on remarquera le sabre "Mameluk" qui apporte une touche d'Orient à cette photographie.

Mais revenons à notre Major Carrichon. Ses notes d'inspection indiquent :
1861 : "Excellent Major ; Officier capable, instruit, zélé et consciencieux. Homme très honorable." (Général Gudin)
1862 : "Très capable sur tous les points de vue ; commande bien sur le terrain. Il ne faut pas qu'il se prive d'exercice". (Général Dubern)
1863 : "Excellent Officier Supérieur ; caractère des plus honorables ; monte bien à cheval et commande bien - est propre à tout. Digne du plus grand intérêt." (Général Morris)
1864 : "Très bon major. Plein de savoir, de zèle, de dévouement. Très méritant." (Général Morris)


Thomas Carrichon rentre d'Algérie le 24 Juillet 1865.
Son dernier rapport d'inspection annonce la fin de sa carrière :
1865 : "Officier supérieur très intelligent et très estimable sous tous les rapports. Un peu âgé pour prétendre maintenant à de l'avancement, excessivement digne d'intérêt." (Général de Mirandol)


Il est admis à faire valoir ses droits à la retraite par décision Impériale du 28 Avril 1866, terminant son service effectif le 31 Mai.

Il décèdera le 19 octobre 1895, à dix heures du soir, à Steenwerk.
Sa pension sera reversée à sa veuve.


Merci à Louis Delpérier pour ses précisions