Autriche-Hongrie


Cartes de Visite, ateliers M.L.Winter à Prague, et Dr. Székely & Massak à Vienne.
Viktor von Pokorny, Unterlieutenant en 1863, puis Oberlieutenant vers 1867, au Huszaren-Regiment Nr.5.


"Die Zöglinge der Wiener-Neustädter Militär-Akademie" (1894) nous livre la notice suivante :

"Viktor von Pokorny, né le 1er Février 1843 à Troppau , (issu du Kadetten-Institut de Hainburg), Unterlieutenant le 1er septembre 1861 aux Radetzky-Huszaren No.5, Oberlieutenant le 1er Mai 1866, il a fait la campagne de 1866 contre la Prusse, a été blessé dans les combats de reconnaissance de Sucha (2 Juillet), et pour sa conduite en cette occasion, a été décoré de l'Ordre de la Couronne de Fer de 3e Classe et l'Ordre Royal Militaire de St.-Heinrich de Saxe. A la veille de la bataille de Königgrätz, Pokorny a été envoyé en avant du bivouac de Kuklena dans la direction de Stösser près de Liskowitz pour reconnaître la position de l'ennemi. A Wonislau il observa le camp prussien à une distance de 800 pas, puis prit le chemin du retour par la même route, mais il trouva un fort détachement de dragons prussiens installé entre Petrowitz et Sucha ; il ne restait plus qu'à foncer au travers. Pokorny se jetta par conséquent sur l'ennemi au mépris de la mort, mais il fut blessé au bras droit et coincé sous son cheval, tué au même moment. Néanmoins, il a réussi à se dégager et à remonter à cheval, sur quoi il traversa l'ennemi avec son Peloton et rejoint heuresement le bivouac.
A sa sortie de la Kriegschule le 16 Novembre 1870 Pokorny était détaché au General-Stab comme officier d'état major général à la brigade Jonak de Vienne, il fut promu Rittmeister 1. Classe le 1er Mai 1872, et nommé Generalstabsofficier le 1er Novembre suivant, rentra le 1er Décembre 1874 à son régiment ; nommé au Generalstab le 1er Octobre 1875, il prit part comme Officier d'Etat-Major à l'occupation de la Bosnie et de la Herzégovine, et reçut en reconnaisance de sa conduite extrèmement brave et méritoire la Militär-Verdienst-Kreuz le 3 Décembre 1878.
Sa promotion comme Major suivit le 1er Mai 1879, comme Chef d'Etat-Major de la 33. Infanterie-Truppen-Division ; le 8 Octobre 1881, il rentra dans son corps de troups au Radetzky-Huszaren Nr.5, dans lequel il fut promu Oberstlieutenant le 1er Mai 1883.
Le 30 Septembre 1883, il fut rappelé au General-Stab, fut nommé Chef d'Etat-Major du 10.Corps le 14 Octobre 1885, et promu dans ce poste au grade d'Oberst le 1er Novembre 1886 ; il prit le 18 Octobre 1891 le comandement de la 27. Infanterie-Brigade de Pressburg, à l'occasion de quoi il fut décoré de la Ritterkreuz du Leopold-Orden en reconnaissance de ses précédents services, et fut promu ensuite Generalmajor le 1er Mai 1892. Pokorny avait reçu le 3 Octobre 1875 la Ritterkreuz de l'Albrechts-Orden de Saxe, et depuis le 2 Octobre 1881 la Comthurkreuz du même ordre, ainsi que la Croix de Chevalier de la Légion d'honneur Française. Il est marié avec Eugenie Anna Schemlain depuis le 18 Octobre 1870 et a été élevé le 28 Avril 1882 au Ritterstand Autrichien."

La reconnaissance de Pokorny lors de la Guerre de 1866 est relatée par l'Oberstlieutenant A.v. Schönovsy dans un article de ses "Taktische Studien" consacré à la Patrouille (Streffleurs militärische Zeitschrift, 1875) :

"Un exemple tiré de l'année 1866 devrait confirmer ce qui a été dit ici :
L'armée autrichienne après sa retraite sur la Bistritz, qui n'avait été nullement troublée par les Prussiens, avait perdu de ce fait le contact avec l'ennemi et ne savait absolument pas, arrivée à Königgrätz, si l'adversaire avait saisi cette occasion pour réunir ses armées auparavant séparées, ou si cette réunion était prévue plus tard, et que donc leur propre armée a été suivie.
Afin de mettre un terme à cette incertitude, le GM. Baron Edelsheim décida d'établir le contact avec l'ennemi en avant de l'aile gauche de l'armée autrichienne, et envoya à cet effet à partir du camp de Kuklena trois patrouilles de cavalerie, la première dans la direction de Smidar, la deuxième vers Horic et le troisième vers Chlumec. La première de ces 3 patrouilles sous le commandement de l'Oberlieutenant Victor v. Pokorny du 5. Huszaren-Regiment reçoit les ordres suivants : Il devait se porter avec son peloton (30 hommes) sur Stezer, Pfim, Popovic, Sacha et Petrovic près Misloves. S'il ne rencontrait pas d'ennemi jusque là, il devait en rendre compte, puis continuer sur Wohnistan, Chomutic sur la chaussée Jicin-Hofic jusqu'à ce qu'il rencontre l'ennemi. Il était encore précisé, qu'il n'était pas nécessaire qu'il rentre le jour même, mais pouvait au besoin bivouaquer à Misloves ou Sucha.
A 8-3/4 du matin, la patrouille rentra de Kuklena et l'Oberlieutenant Pokorny dû réquisitionner des guides de place en place, car que le terrain était montagneux et couvert de forêts, et que les routes devaient bien évidément être évitées. L'avancée suivit avec prudence et lenteur, car le terrain devait être reconnu sans omettre aucune direction.
Bientôt dans Petrovic, puis de nouveau à Misloves, les habitants témoignèrent que des détachements ennemis y avaient effectué des réquisitions. Une depêche fut envoyée de ce à 3-1/2 de l'après-midi, relatant "qu'il n'y avait actuellement aucun ennemi à Misloves, mais que, selon les témoignages des habitants, de Hussards Rouges y était le matin même, que l'ennemi avait été vu dans tous les alentours, et devait déjà être très proche." La patrouille prit ensuite la direction de Neu-Wohnistan. Derrière ce lieu, l'Oberlieutenant Pokorny vit à une faible distance, une important fumée qui provenait de feux de camp.
Suivant les instructions qu'il avait reçues, il voulut voir l'ennemi de ses propres yeux, fit donc le tour de la colline et contempla un camp de 4-6000 hommes de toutes armes, à la distance de seulement 800 pas devant lui. Le fait est qu'aucun avant-poste n'avait été mis en place. Toutefois, la patrouille ne pouvait pas songer, de jour et après avoir déjà parcouru quatre miles, à fondre sur un camp de 4 à 6 régiments avec seulement 28 hommes (il aurait été facile d'exécuter un tel coup de main sur des avant-postes), mais devait plutôt sagement prendre soin de ne pas être anéantie. Dans ces conditions, il ne fallait plus penser à poursuivre la marche sur la chaussée Hofic-Jicin, et le retrait fut donc ordonné.
1 Führer et 9 Huszaren fermaient la marche de la patrouille rentrant sur Sucha. Arrivé derrière ce lieu (l'Oberlieutenant Pokorny n'est pas tout à fait sûr qu'il s'agissait vraiment de Sucha), 10 dragons ennemis sortirent d'une forêt sur le flanc gauche de la patrouille. L'Oberlieutenant Pokorny lança un nombre égal de ses hommes, qui aussitôt attaquent et chassent l'ennemi. A peine la patrouille était-elle de nouveau réunie, que surgit d'une forêt sur le flanc droit un détachement ennemi plus nombreux ; l'Oberlieutenant Pokorny déploya ses 18 hommes restant (l'arrière-garde avait disparu trop loin, et n'avait pas encore rejoint) sur un rang puis les lança à l'attaque, bien que l'ennemi, sur deux rangs, présentait un front plus large, étant au moins deux fois plus fort que la patrouille.
A environ 100 pas, l'officier ennemi fit halte et fit prépaper les carabines, sur quoi Pokorny ordonna aussitôt "Marsch-Marsch." La salve ne cause pas de dommages, et la patrouille aborda les dragons ennemis avant qu'ils n'aient le temps de saisir leurs sabres. La mêlée qui s'ensuivit alors se concentrait autour des deux commandants qui s'étaient jetés l'un sur l'autre ; un coup de l'officier ennemi, porté sur le bras gauche de Pokorny, entame sa pelisse, Pokorny jette son adversaire de cheval, mais l'instant d'après le Cheval de Pokorny s'écrase, frappé de deux cous de sabre à la tête, tandis qu'un coup de crosse de carabine lui blesse l'épaule droite. Les Hussards dégagent leur officier, le mettent sur un autre cheval et s'échappent. Combien l'attaque avait surpris les dragons prussiens est évident, du fait que la poursuite des hussards ne débuta après la fin du corps à corps, qu'alors que ces derniers avaient déjà une avance de 100 pas.
L'arrière-garde, alertée par les coups de feu, arriva alors, se jeta sur les dragons ennemis et capturèrent le cheval de l'officier ennemi. Le résultat du combat était qu'un Hussard était mort, mais sinon, la patrouille rentrait complète avec hommes et chevaux, dont certains étaient cependant touchés.
Le plus grand résultat, cependant, est que l'on pouvait dire avec certitude que l'on avait rencontré des cavaliers de Neumark, ce dont le cheval, la veste et les bagages capturés de l'officier ennemi fournirent la preuve.
Une fois que l'on su que les dragons de Neumark appartenaient à l'armée du prince Frédéric-Charles, on a donc su clairement qui on avait en face, et dans quelle mesure cette armée était avancée, et on a pu venir à la conclusion qu'une retraite plus avant sur l'Elbe n'était plus ouverte sans combat, et qu'il fallait par conséquent décider d'accepter la bataille (de Königgrätz)."