Carte de Visite atelier
Mme Leclerc à Chartres
Colonel de Bernis,
commandant le 1er Régiment de Chasseurs à Cheval
François Justin Raymond (on trouve
aussi "Rémond"), Vicomte de Pierre de Bernis, est né le
7 Octobre 1814 à Nîmes. D'une vieille famille du Languedoc, il est le
troisième fils du Comte Henri-Benoît de Pierre de Bernis (officier,
chevalier de la Légion d'Honneur, chevalier de Malte) et d'Alexis-Claudine-Olympe
de Barral.
Sa carrière a fait l'objet d'une
notice assez détaillée parue sous deux versions, dans "Le
Panthéon de la Légion d'Honneur", par T.Lamathière, et dans "Souvenirs
de Saint Cyr et de l'École d'État-Major", par Albert Du
Casse (1886).
Je vous en propose la seconde version, agrémentée ci et là de
quelques notes complémentaires.
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DE PIERRE DE BERNIS (François-Julien-Raymond,
vicomte), général de division de cavalerie, grand-officier de la
Légion d'honneur, né à Nîmes le 7 octobre 1814, élève de Saint-Cyr
le 13 novembre 1832; sous-lieutenant le 20 avril 1835, officier- élève
à l'École de cavalerie de Saumur, est le véritable type de l’officier
de cavalerie légère, arme dans laquelle il a presque toujours servi et
qu'il a commandée avec succès.
Il a une grande distinction de manières, une taille des plus
élégantes et une charmante figure.
Il sortit de Saumur pour entrer au 12e de
chasseurs à cheval, où il fut promu lieutenant le 20 février 1840
et qu'il quitta à la formation des trois nouveaux régiments de hussards,
envoyé au 7e de cette arme capitaine le 22 mars 1843, au tour du
choix, il se trouvait à Mirande en 1851, lors des troubles dont cette
petite ville fut le théâtre. Par son intelligence et sa vigueur, le
jeune capitaine contribua au rétablissement de l’ordre, à la tête
de son escadron, et fut cité pour ce fait.
Chef d'escadron au 6e de lanciers, le
4 juin 1852, régiment alors à Chartres, désireux de faire campagne,
il obtint de passer, en 1853, au 3e de chasseurs d'Afrique, à
Constantine.
Chargé par le général de Mac-Mahon, commandant la province de
Constantine, de diriger une colonne destinée à maintenir dans le
devoir, pendant l'expédition de la Kabylie [NOTA : menée par le
général Randon], les tribus du Sud, il s'acquitta de sa difficile
mission avec beaucoup de succès , livra, le 24 juin 1854, un beau
combat à une fraction importante de la puissante tribu des Nemenchas,
dans le défilé de Lambec, près de Tebessa, et ce combat eut pour
résultat de rétablir le calme et la sécurité dans cette contrée.
Cette affaire, qui valut une citation au commandant de Bernis et la
croix de chevalier de la Légion d'honneur [NOTA : Chevalier le 29
décembre 1854], est rappelée au palais de Constantine par un
trophée composé avec les armes enlevées aux Arabes. Cet officier
supérieur fit encore, à la fin de 1854, L’expédition de Tongourt et
du Souf.
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L'Expédition de Touggourt
Cette campagne de l'hiver 1854 fur menée par
le Colonel Desvaux. Elle est ainsi relatée par le Général du Barail
dans ses Mémoires (Tome II, pp.146-151) :
"La colonne qu'il venait de réunir à Biskra
comprenait 650 hommes du 68e de ligne et du 3e de tirailleurs ; 600
chevaux du 3e de chasseurs d'Afrique et du 3e de Spahis ; 1,400
fantassins et 1,000 cavaliers arabes, et une section d'artillerie de
deux obusiers de montagne. Arrivé à Mraïer, il lança en avant une
avant-garde, composée de deux escadrons de spahis, d'une compagnie de
tirailleurs, des cavaliers du goum et d'un détachement de fantassins
arabes, et commande par un chef d'escadrons de son régiment, le
commandant Marmier, qui poussa jusqu'à l'oasis de Meggarine, située à
quelques lieues de Touggourt, où il apprit que les deux chefs rebelles
étaient allés soulever les populations du Souf. Le commandant Marmier
se mit à leur poursuite. Mais il fut bientôt informé que ses
adversaires étaient solidement postés à une oasis appelée
Taïbet-el-Guéblia, et lui barraient la route. Comme cette oasis est
entourée d'une zone de sable de trois lieues de large, sur laquelle la
cavalerie ne peut combattre, le commandant Marmier, qui ne comptait pas
beaucoup sur son infanterie arabe, rebroussa chemin, et, le 28 novembre,
il revenait coucher près deMeggarine, à un endroit nommé Bou-Beghis.
Il était là, dans une excellents position défensive, appuyée sur des
jardins depalmiers entourés de murs, ayant devant lui la plaine nue.
Mais sa retraite avait enhardi l'ennemi, et, le 29novembre au matin, 500
cavaliers et 2,000 fantassins arabes, dirigés par le chérif et par
Si-Selman en personne, s'avançaient hardiment pour le surprendre. La
lutte allait avoir lieu entre arabes, puisque le commandant n'avait en
main près que des forces indigènes. Mais ces forces étaient
encadrées par des Français et disciplinées à l'européenne. Le plan
d'attaque était d'ailleurs assez bien conçu. Il consistait à aborder
le camp par la plaine avec la cavalerie et à le prendre à revers, au
moyen des fantassins qui filaient le long des lignes de palmiers
étendues de Touggourt à Meggarine, avec l'espoir de s'emparer de ce
dernier village. On croyait si peu à tant d'audace que les tirailleurs
avaient démonté leurs fusils pour les nettoyer. Mais ils étaient
commandés par un vieux capitaine nommé Vindrios, que rien ne troublait
et qui, à la vue des Arabes en marche, au lieu d'affoler ses hommes par
des commandements précipités, leur répétait lentement : "Mes
enfants, ne vous pressez pas ; vous avez plus de temps qu'il ne vous en
faut."
La cavalerie était montée à cheval par alerte, au premier signal,
afin de retarder l'attaque, pour donner à l'infanterie le temps de se
mettre en défense. Les goums chargèrent les premiers, et ils furent
ramenés. Derrière eux, les deux escadrons de spahis, commandés par
les capitaines de Courtivron et Clavel, partirent en quatre échelons.
Les deux premiers échelons échouèrent, mais le troisième parvint à
enfoncer la ligne ennemie. A ce moment les hommes du capitaine Vindrios
avaient remonté leurs armes, et, intelligemment postés derrière les
murs des jardins, ils accueillirent à coups de fusil l'infanterie arabe
qui les assaillait.
L'affaire fut chaude. Au premier rang des combattant se distingua, du
côté des Arabes, un mokadem (chef religieux) qui se fit tuer sur place
plutôt que de reculer d'une semelle. Cependant, l'ennemi ne tint pas.
Quand il le vit ébranlé, le commandant Marmier ramena toute sa
cavalerie à la charge derrière l'escadron du capitaine de Courtivron.
Ce fut une déroute. Les Arabes laissèrent sur le terrain 500 morts et
quantité d'armes qui, avec cinq étendards, furent les trophées de la
journée. Le 1er décembre, à dix heures du soir, le chérif et
Si-Selman, qui s'étaient réfugiés à Touggourt, s'échappaient de la
ville où le lieutenant Roze, de la légion étrangère, Prussien
d'origine, entrait le lendemain matin, à la première heure, bientôt
suivi par le commandant Marmier, les spahis et les tirailleurs. Le 5, le
gros de la colonne Desvaux arriva en même temps que le commandant Pein,
avec la colonne de Bouçaâda. Enfin le 7, j'arrivai moi-même avec ma
colonne, qui passa immédiatement sous les ordres du colonel.
Il m'accueillit avec une joie sans mélange, car je ne lui apportait pas
seulement les approvisionnements relativement considérables,
véhiculés par mon convoi de chameaux ; je lui procurais, en outre, un
appoint de forces indispensable pour qu'il pût continuer dans le Souf
les opérations jugées nécessaires. Il venait de recevoir l'ordre de
faire rétrograder toute son infanterie, réclamée par les régiments
en partance pour la Crimée.
(...)
Au Souf, où nous arrivâmes le surlendemain, le spectacle change. Le
pays est sain, mais désolé.(...) Nous ne restâmes dans le Souf que le
temps de recevoir la soumission des cinq villages et d'asseoir notre
autorité, en organisant les pouvoirs publics.
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- Notice De Bernis - Suite -
Il quitta l'Algérie, embarqué pour
l'armée d'Orient, et prit part, à la tête de ses escadrons, à la
guerre de Crimée et au siège de Sébastopol.
Le 4 août 1855, il fut promu lieutenant-colonel au 6e de dragons,
alors devant la place russe, et après l’attaque générale du 8
septembre, il fut à Eupatoria avec les troupes du général d’Allonville,
prit part aux combats livrés par cet officier général, et fut laissé
à Eupatoria avec les fonctions de commandant militaire, de gouverneur
civil, de consul de cette place, occupée par vingt mille Tartares
réfugiés, par
une brigade anglaise et par vingt-cinq mille Turcs ou Égyptiens aux
ordres du Muchir Amet Pacha.
Ce dernier ayant signalé au gouvernement ottoman les services rendus
par M. de Bernis, le sultan envoya au lieutenant-colonel la croix de
grand-officier de l’ordre du Medjidie.
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Au 6e Dragons
La vie du régiment lors de cette campagne a
été bien décrite par le Chanoine Durengues dans une fort
intéressante "Notice sur le Général Ressayre", parue au
"Bulletin de la Société d'Agriculture Scences et Arts
d'Agen" en 1910 (accompagnée de lettres de Ressayre).
Notons en passant le nom de cet autre officier venu des Chasseurs
d'Afrique (nous le retrouverons à l'armée de Versailles en 1871),
avant d'en lire quelques extraits qui concernent la période qui nous
intéresse :
"A la veille de tenter contre Sébastopol
l'effort suprême, il fallait plus que jamais se mettre en garde contre
une attaque désespérée des vaincus de l'Alma, de Balaklave et d'Inkermann.
De fait, cette attaque se produisit le 16 août mais elle ne fut pas
imprévue. Grâce au service d'informations, assuré pour sa part, par
le 6e dragons, le quartier général avait été prévenu en temps
utile. Aussi, bien qu'il n'ait entendu que dans le lointain, le canon de
Traktir, le régiment n'a pas été étranger au succès de cette belle
journée.
Après Traktir, il n'y avait plus à se préoccuper de l'armée de
secours. Tout l'intérêt se concentra sur Sébastopol. La cavalerie, sa
mission remplie, était restée à Orkoutsa, attendant les événements.
Là, profitant d'un moment d'accalmie, le général d'Allonville avait
passé, le 12 août, l'inspection de ses troupes. On lit dans son
rapport :
'Le 6e de dragons est un bon régiment, dans lequel règne l'esprit
militaire et un grand accord parmi les officiers, comme une discipline
parfaite dans la troupe. Il a beaucoup acquis comme habitude d'activité
et du service de campagne depuis son séjour en Crimée. Le colonel
Ressayre lui imprime une excellente impulsion et le général est
heureux, en lui exprimant sa satisfaction des résultats obtenus, de
pouvoir l'engager à persévérer dans cette voie...
'En résumé, l'Inspecteur général, à côté de quelques
observations, qui seront acceptées comme les conseils de l'expérience,
n'a que des éloges à donner au 6e dragons et sera charmé de lui
procurer l'occasion de montrer sur le champ de bataille, tout ce qu'il
vaut.'
Pour cela il fallait en finir avec le siège. Or, ce grand drame
touchait à sa fin. Le dénouement était proche. 'Dans la nuit du 7 au
8 septembre, raconte l'ancien sous-officier Mismer, nous reçûmes
l'ordre de nous replier dans la plaine de Balaklava. cet ordre ne
pouvait s'expliquer que par l'imminence de l'assaut. Depuis deux jours,
la coulée de la Tchernaïa nous apportait le vacarme de deux mille deux
cents pièces de gros calibre tirant sans interruption... Une épaisse
fumée obscurcissait le ciel et répandait sur la terre un brouillard
nauséabond. En arrivant sur la Tchernaïa, nous trouvâmes l'armée sur
pied. On nous forma, face à la rivière, à la droite de l'infanterie.
La canonnade était infernale. La terre tremblait sous les pieds des
chevaux. Vers neuf heures, le feu se ralentit. A onze heures il reprit
avec une nouvelle violence. A midi juste il cessa. L'assaut commençait.
On nous fit mettre le sabre à la main bien qu'il n'y eut aucun ennemi
devant nous, sans doute pour rendre honneur à ceux qui se ruaient dans
la mort. Nous restâmes ainsi longtemps l'oreille tendue vers
Sébastopol. A trois ou quatre la nouvelle arriva que Malakoff était
pris.'
On sait que la prise de Sébastopol ne mit pas fin à la guerre. 150,000
Russes occupaient encore la Crimée. Avant de les attaquer de front, le
maréchal Pélissier avait décidé d'envoyer à Eupatoria quelques
régiments de cavalerie afin d'inquiéter l'ennemi sur sa ligne de
retraite. Le 6e dragons fit partie de l'expédition. A peine débarqué,
il brûlait d'en venir aux mains avec le corps de cavalerie russe
chargé de surveiller Eupatoria. Le 25 une première reconnaissance
l'amena assez loin sur la route de Pérocop. Pendant cette journée,
l'ennemi resta constamment en vue mais hors de la portée des sabres. On
recommença le 29, mais fidèles à leur tactique, les Russes gardaient
toujours avec les nôtres une distance égale et semblaient
insaisissables. Tout à coup (...)"
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Le Combat de Kanghil
Si la campagne de Crimée fut frustrante pour
la cavalerie alliée, les Français trouvèrent enfin à s'illustrer en
ce 29 septembre 1855 au combat de Kanghil. En voici le récit, relaté dans l'
"Histoire complète de la Guerre d'Orient" de Jules
Ladimir (pp.379-384) :
"Les opérations nouvelles,
qui devaient avoir pour pivot Eupatoria, furent inauguées d'une
manière brillante le 29 septembre par une affaire de cavalerie dont les
détails sont contenus dans le rapport suivant du maréchal Pélissier
au ministre de la guerre :
"Monsieur le maréchal, en rendant compte à Votre Excellence, dans
ma dépêche du 29 septembre, de l'envoi du général d'Allonville à
Eupatoria avec trois régiments de sa division de cavalerie (4e
Hussards, 6e et 7e dragons, et une batterie à cheval), j'exprimais
l'espoir que l'habile activité de ce général, secondé avec
empressement par le muchir Ahmet-Pacha, parviendrait à rejeter au loin
les troupes que les Russes entretiennent autour d'Eupatoria, et à
menacer ensuite la grande ligne de communication de l'ennemi de
Simphéropol à Pérécop. Un brillant combat de cavalerie livré le 29
septembre à Koughil (5 lieues nord-est d'Eupatoria, et dans lequel la
cavalerie russe du général Korf a été complètement défaite par la
nôtre, vient d'inaugurer très heureusement cette série d'opérations
dont Eupatoria doit être le pivot. D'après ce qui avait été convenu
entre Ahmet-Muchir-Pacha et le général d'Allonville, trois colonnes
quittèrent Eupatoria le 29, à trois heures du matin, pour marcher à
l'ennemi. La première, dirigée au sud-est, alla prendre position à
l'extrémité de l'isthme, vers Saki. Elle n'avait devant elle que
quelques escadrons, qu'elle a facilement contenus, avec l'aide de deux canonnières
qui l'ont appuyée de leur feu. La seconde, commandée par le muchir en
personne, et passant par Oraz, Atchin et Teiech, s'est avancée sur
Djollchak, en ruinant sur son passage tous les approvisionnements de
l'ennemi. La troisième, à la tête de laquelle s'était mis le
général d'Allonville, se composait de 12 escadrons de sa division, de
la batterie Armand (artillerie à cheval), avec 200 cavaliers
irréguliers et 6 bataillons égyptiens. Elle traversa l'un des bras du
lac Sasik et marcha par Chiban sur Djollchack, rendez-vous commun où
les deux dernières colonnes furent réunies vers dix heures du matin.
Ces deux dernières colonnes avaient poussé devant elles des escadrons
russes qui s'étaient successivement repliés sur leurs réserves.
Pendant que le général d'Allonville faisait rafraîchir ses chevaux,
il observait les mouvements de l'ennemi qui avec 18 escadrons, plusieurs
sotnias de Cosaques et de l'artillerie, cherchait à tourner sa
droite en s'avançant entre le lac et lui. Le général d'Allonville,
que le muchir fit soutenir en arrière par 2 régiments de cavalerie
turque et les 6 bataillons égyptiens, se dirigea aussitôt sur la
pointe du lac pour envelopper l'ennemi lui-même. La promptitude de ce
mouvement permit au 4e de hussards, conduit en première ligne par le
général Walsin-Esterhazy, d'aborder l'ennemi à l'arme blanche,
pendant que le général Champeron, avec ses 6e et 7e de dragons, en
deuxième et troisième ligne, débordait les uhlans russes et les
forçait à une retraite précipitée durant laquelle ils furent
harcelés pendant plus de deux lieues. L'ennemi ne tenant plus aucun
point et s'enfuyant dans toutes les directions, le général d'Allonville
arrêta ses escadrons et recueillit, avant de se retirer, tout ce qui
restait sur le champ de bataille.
Cette journée nous a valu 6 bouches à feu (dont 3 canons et 3
obusiers), 12 caissons et une forge de campagne, avec leurs attelages,
169 prisonniers, dont un officier, le lieutenant Procopwitch du 18e
uhlans, et 250 chevaux. L'ennemi a laissé sur le terrain une
cinquantaine de tués, parmis lesquels a été reconnu le colonel
Andreouski, du 18e uhlans, de la division du général Korf, qui
commandait devant nous ce jour-là, et quipasse, dans l'armée russe,
pour un officier de grand mérite. os pertes sont, en comparaison, très
minimes. Nous avons eu 6 tués et 29 blessés. MM. Pujade, aide-de-camp
du général Waslin, et de Sibert de Cornillon, officier d'ordonnance du
même général, sont au nombre de ces derniers. Cette belle affaire
fait grand honneur aux régiments qui ont donné, ainsi qu'aux
généraux Walsin et de Champéron, et au général d'Allonville, qui a
eu beaucoup à se louer du concours d'Ahmet-Muchir Pacha et du corps
ottoman qu'il commande.
(...)
Le combat de Khoughil ouvrit aux alliés toute la plaine comprise entre
Eupatoria et Pérékop ; il produisit en outre un grand effet moral, car
jusqu'alors la cavalerie russe avait joui d'une réputation de
supériorité sur toutes les autres cavaleries de l'Europe. L'empereur
Alexandre ressentit de cette défaite une grande irritation et destitua
le général Korf."
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Au 6e Dragons - fin de la
Campagne d'Orient et retour en France
Reprenons la lecture du bon Chanoine Durengues
:
"Cette belle affaire fit particulièrement
honneur au 6e dragons qui un moment se trouva seul aux prises avec
l'ennemi pendant que le 4e hussards qui avait chargé en tête reformait
ses rangs et que le 7e dragons accourait à toute vitesse. Trois noms
superbes : Marengo, Austerlitz, Friedland illustraient son étendard. On
y ajouta celui de Kanghil.
(...)
Malgré le parti-pris des Russes d'éviter tout engagement on ne devait
pas cesser de les harceler et de les serrer deprès. Mais la difficulté
des routes, le manque d'eau, l'absence de ressources de tout genre empêchèrent
toujours de les poursuivre à fond jusque dans leur retranchements.
Même pendant le gros hiver et par des températures de 22 degrés de
froid, les troupes, cantonnées dans Eupatoria, faisaient des sorties
journalières. Malheureusement le scorbut éclata parmi elles. Il devait
faire plus de victimes que la guerre et le 6e dragons ne fut pas
épargné. 'C'est alors, dit M. Charles Mismer, qu'apparut la valeur
morale des survivants du premier hiver. Tandis que, pour le service
courant, il restait à peine cinq ou six hommes disponibles, dès qu'il
était question d'une prise d'armes, tous les chevaux étaient montés.
Des cavaliers de mon peloton, dont les jambes ulcérées ne formaient
qu'une plaie, supportaient la selle sans se plaindre, pendant des
journées entières, soit pour ne pas manquer une chance de guerre, soit
dans l'espoir qu'une balle ou un boulet mettrait fin à leur existence'.
Il n'était plus question de suicide.
Cependant on allait bientôt voir la fin de tous ces dangers et de
toutes ces souffrances. Le 27 février 1856 un armistice fut signé
parles belligérants et le 2 avril des salves d'artillerie annonçaient
la conclusion de la paix.
Parti des premiers, le 6e dragons fut des derniers rapatriés. Son
colonel le ramena par terre vers Sébastopol. Chemin faisant il le fit
bivouaquer sur le champ de bataille de l'Alma. Dans les premiers jours
de juin il s'embarquait avec lui à Kamiesch, sur le vapeur La France.
(...)"
Le 6e dragons débarque à Marseille les 24 et
25 Mai. A la fin juin, le régiment quitte Avignon pour aller s'installer à
Clermont-Ferrand, où il resterait jusqu'en septembre 1858 avant de
rejoindre Paris.
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- Notice De Bernis - Suite -
Le 14 mars 1859, le Vicomte de Bernis fut
nommé colonel et prit, à Auch, le commandement du 1er de chasseurs
de France. Embarqué pour la province d’Oran, avec son nouveau
régiment, il vint à Mostaganem et prit part, à l’automne de 1859,
à l’expédition du Maroc, qui lui valut la croix d’officier, le 19
septembre 1860.
Rentré en France en 1862, à Tarbes,
Commandeur le 2 septembre 1864, il fut promu général
de brigade le 31 juillet 1867, et prit
d'abord le commandement de la subdivison de Saône-et-Loire et de l’Ain,
puis celui d’une brigade de la division de cavalerie de Clerembault,
de l'armée de Paris, à Versailles, où il se trouvait lors de la
déclaration de guerre à la Prusse, le 15 juillet 1870 [NOTA: Brigade
composée des 5ème Hussards et 12ème Chasseurs].
Envoyé avec sa brigade à la division de
cavalerie Brahaut, du 5e corps, un de ses régiments, le 12e de
chasseurs, dans lequel lui-même avait débuté en sortant de Saumur,
eut l'honneur de donner le premier coup de sabre à l'ennemi. Le 25
juillet à Schirlenof , près Niederbronn, une reconnaissance du 12e de
chasseurs eut un combat dans lequel plusieurs uhlans furent sabrés et
trois officiers Badois fait prisonniers.
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Les premiers coups de sabre
de la Guerre de 1870
C'est une patrouille du 12ème Chasseurs (vétérans du Mexique) qui
se rendra le 25 juillet au hameau de Schirlenhof, où elle
affrontera une patrouille de Dragons Badois dans l’auberge Léonhardt
- perdant le maréchal des logis Pagnier, mais capturant 9 Dragons et 3
Officiers (un officier s'échappera : le Comte de Zepellin).
Le Général de Bernis, qui accompagnait le régiment, arrivera avec
celui-ci pour complimenter les vainqueurs, l'aubergiste vint le bonnet
à la main et tout effaré demander à qui il fallait présenter la note
- ce qui fit éclater de rire le Général, qui paya de bon cœur, lui
donnant le double de la somme réclamée.
Le caractère plaisant ce cet officier est
relaté dans le Times du 3 Août 1870 :
"Numerous complaints continue to be made of the
maltreatment of French subjects in Germany. It is impossible they should
all be unfounded, and it touches the honour of the German Governments to
put an end to such brutality, wether on the part of officials or of the
populace. When we read that the Baden oficers at Neiderbronn were no
sooner captured than they were invited to General de Bernis'
dinner-table, treated with the utmost courtesy, and allowed to betake
themselves on parole to a pleasant town in the interior of France, and
when we see that here in Paris, in spite of thewar, not the sloghtest
offence is shown to Prussians, and that German is loudly spoken in the
streets and public places without any notice being taken of those who
thus betray their nationality- when we witness these things we cannot
but feel indignant at such cases as the following, published, on
Government authority, in to-day's Official Journal :-
'French persons expelled from the Duchy of Baden have had to endure the
most unworthy treatment as far as the Swiss frontier, whither they were
conducted in chains. Several of them were despoiled of their property
and compelled to pay 24 kreutzers for the rent of the dungeon in which
they were sheltered from the violence of the mob.'"
Le Lieutenant-Colonel Ferdinand Foch portera
quant à lui un regard moins... attendri sur ces opérations, lors des
conférences données à l'Ecole de Guerre en 1900 :
"(...) Le même jour, 5 août, arrive d' ailleurs
à Bitche, au quartier général du général De Failly , le
lieutenant-colonel de Kleinenberg, venant de Metz ; il annonce la
présence devant le corps du général Frossard d' un corps d' armée
prussien. Et cette nouvelle, venant se greffer sur le tout, appelle
encore l' attention du général De Failly de ce côté. Quoi qu' il en
soit, la division de Lespart seule reçoit l' ordre de partir le 6 et de
bon matin, par la route de Niederbronn ; mais, sur des bruits colportés
par des paysans effrayés, la division retarde son départ ; elle ne
part en fait qu' à (..) . Pas de service de renseignements
régulièrement organisé. Ce sont les rumeurs, fondées ou non
fondées, généralement grossies par la peur, qui vont dicter les
décisions militaires ; comment celles-ci répondraient-elles à la
réalité des choses ? Le général De Bernis, avec le 12e
chasseurs, précède la division. Il n' y a ni avant-garde ni
flanc-garde. De nombreux chemins ou sentiers débouchent sur la gauche
de la route que l' on suit, par lesquels le général De Lespart craint
d' être attaqué en flanc. Il n' avance que pas à pas. à chaque
croisée de routes, la colonne s' arrête. On fait fouiller le pays en
avant et sur le côté, par la cavalerie, souvent même par des
détachements d' infanterie. Toute la division se pelotonne pendant ce
temps ; la colonne ne reprend sa marche qu' au retour des
reconnaissances affirmant qu' on peut avancer sans danger. De là
résultent des temps d' arrêt multipliés que la troupe en particulier
ne s' explique pas. Les officiers et les hommes, excités par le bruit
du canon qu' on entend depuis le matin, s'impatientent de ces lenteurs
et trouvent pour le moins intempestives les précautions prises. à
mesure qu' on approche de Niederbronn, on rencontre des blessés, puis
des fuyards ; ils deviennent de plus en plus nombreux : ils disent
naturellement que les affaires vont mal ; bientôt ils annoncent la
perte de la bataille. Quand on arrive sur les hauteurs qui dominent
Niederbronn, c'est le flot de la retraite qu' on aperçoit traversant la
ville ; il est 5 heures. C' est à ce moment seulement que la
communication s'établit entre les deux portions de l' armée d' Alsace.
Le maréchal De Mac-Mahon ordonne à cette division d' infanterie qui
arrive sur les talons de son régiment de cavalerie : de déployer une
brigade à droite de la route (de Fontanges) ; et une à gauche (Abbatucci). L' artillerie de la division prend position. Devant ce
déploiement, les prussiens s' arrêtent ; ils n' ont pas dépassé
Niederbronn ; puissance de l' impression causée par l' arrivée de
troupes fraîches. La division Guyot De Lespart avait mis de (..) du
matin à 5 heures du soir-plus de neuf heures-pour faire l' étape de 22
kilomètres qui séparent Bitche de Niederbronn. Elle amenait des
troupes épuisées physiquement et moralement. Elle amenait surtout des
troupes inutiles . Il était trop tard ! (...)"
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- Notice De Bernis - Suite -
Le général de Bernis se trouva à
Reichsoffen, à Beaumont, à Sedan.
Ayant, à cette dernière journée, percé les lignes ennemies, dans son
mouvement offensif de sa brigade contre les batteries de Fleigneux,
entouré de toute part, il fut assez heureux pour pouvoir gagner
Mézières, où il reçut [Nota : du général Mazel] l'ordre de
se diriger par Hirson sur Paris.
Chargé par le ministre de la guerre de
rallier et de diriger sur la capitale les débris de nos troupes, il
arriva dans cette ville, y organisa rapidement en régiments les
lambeaux de plusieurs corps, et fut longtemps le seul officier général
de cavalerie au siège. Il rendit de grands services à la défense, à
la tête de ses cavaliers, surtout au combat de Châtillon le 19
septembre, au moment de l'investissement. Lors de la formation des trois
armées à Paris, le général de Bernis eut le commandement de la 1re
brigade de la division de cavalerie Bertin de Veaux de la 3e Armée.
Après le siège contre les Allemands, M. de Bernis eut à commander, au
siège contre la Commune, à l'armée de Versailles, la 1ère brigade de
la division de cavalerie Ressayre du 3e Corps.
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A l'armée de Versailles
La Brigade de Bernis est composée des :
- 9ème Lanciers, ex-Lanciers de la Garde transformé par la décision
du 10 Mars 1871.
- 7ème Dragons, ex-"Dragons du Nord", reconstitué à Lille
et qui a combattu avec l'Armée du Nord de Faidherbe. Voici
un exemple d'action de la Cavalerie dans cette période délicate :
"Le climat est tendu.
Les autorités repliées sur Versailles et dont la tactique consiste à
faire un blocus de Paris, redoutent une sortie des insurgés et une
extension de la révolte. A partir du 9 avril, le 9e Lanciers, qui est
cantonné dans les environs de Versailles, est en alerte. Deux escadrons
du régiment sont mis à la disposition d'un colonel d'Infanterie dont
l'unité est campé dans le bois de Verrières. La mission des Lanciers
- en règle général, des officiers - est d'effectuer des
reconnaissances dans les environs de Paris, de faire respecter le blocus
et d'appuyer l'infanterie en cas d'événements graves.
Le 14 avril, les 1er et 2e escadrons partent de leur bivouac en fin
d'après- midi pour se rendre à Choisy le Roi. Ils ont pour mission de
couper la voie du chemin de fer d'Orléans à 200 mètres en avant du
village dans la direction de Vitry sur Seine vers la gare aux bœufs. Le
détachement règle sa marche de manière à arriver à Choisy pendant
la nuit. Il est rejoint sur la route par le général de Bernis, à la
tête de 2 escadrons de Hussards destinés à protéger les lanciers
pendant l'opération. Malgré la mauvaise volonté du chef de gare de
Choisy, le chef d'escadrons Caillard se procure les outils nécessaires
et, avec l'aide d'employés de la voie réquisitionnés, il parvient à
enlever 100 mètres de rail sans être inquiété."
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- Notice De Bernis - Suite
et fin -
Général de division le 4 novembre 1874, il
fut chargé de faire des inspections de cavalerie, jusqu'à son passage
au cadre de réserve, par limite d'âge.
Élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d'honneur le 12
juillet 1879, M. de Bernis n'a pas voulu prendre sa retraite et se
trouve encore dans la 2e section du cadre d’activité, prêt à
reprendre les armes si une guerre éclatait de nouveau.
D'une noble famille d'épée,
arrière-petit-neveu du cardinal de Bernis, le général a pour armes :
d'azur à bande d'or, surmonté d'un lion passant de même; pour cimier
: un demi-lion au naturel armé d'une épée; pour devise : armé pour
le Roy.
Il a eu des ancêtres aux croisades, et les armes de sa famille figurent
à la salle de la première croisade, au palais de Versailles.
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Le général de Bernis décèdera le 27 Novembre
1898 au château de Fléchère (Ain).
Il avait épousé Jeanne-Marie Arthaud de Laferrière (fille de
César-Dominique et de Michelle-Françoise-Cornélie de Sarron,
décédée à Cannes le 28 janvier 1896, à l'âge de 65 ans) le 2
Décembre 1847, dont il n'eut pas de postérité.
Cette photo le représente en Colonel du 1er régiment de Chasseurs à
Cheval.
Il n'est pas encore commandeur de la Légion d'Honneur : elle a donc
été prise avant le 2 Septembre 1864.
On notera, à la droite des médailles qu'il arbore, la Médaille
Britannique de la Guerre de Crimée et la Médaille de la Valeur
Militaire Sarde.
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