France
Guides de la Garde Impériale


Carte de Visite atelier Ken.
Sous-Lieutenant de Tocqueville.

René CLEREL de TOCQUEVILLE est le neveu du célèbre Alexis.
Il aura vécu une riche vie militaire et politique, comme le relate sa biographie du Dictionnaire des Parlementaires Français (Paris, 1889) :

TOCQUEVILLE (René CLEREL, vicomte de), député de 1876 à 1877, né au Pecq (Seine et Oise), le 1er septembre 1835, neveu du précédent, s'engagea en 1854 aux chasseurs d'Afrique, fit la campagne d'Afrique, puis celle d'Italie comme porte-guidon du maréchal de Mac-Mahon, fut attaché à l'expédition de Chine comme officier de cavalerie à l'état-major du général Cousin-Montauban, et à celle de Cochinchine, comme aide-de-camp de l'amiral Charner, Capitaine aux guides en 1863, il donna sa démission, et se porta sans succès aux élections de 1869 pour le corps législatif. Nommé conseiller général de la Manche, pour le canton de Saint-Pierre-Eglise, il vit son élection invalidée pour vice de formes. Il reprit du service pendant la guerre de 1870, comme lieutenant-colonel du 72e mobiles de la Manche, à l'armée de Chanzy, et perdit sa femme, qui,  faite prisonnière par les Prussiens, pendant qu'elle soignait les blessés, mourut des fatigues et des souffrances de sa captivité.
M. de Tocqueville protesta, sous l'administration du duc de Broglie, contre la révocation de son oncle comme maire de Nacqueville, bien qu'il ne fût pas absolument d'accord avec lui en politique. Propriétaire du château de Tourlaville et maire de cette commune, il se présenta à la députation le 26 février 1876, comme candidat " conservateur constitutionnel" dans l'arrondissement de Cherbourg, et fut élu, au second tour de scrutin (5 mars) par 7195 voix (16,193 votants, 21,091 inscrits) contre 6,861 à M. La Vieille, républicain, et 2,110 à M. de la Germondière. Il appartint à la minorité conservatrice et soutint le gouvernement du 16 mai. Candidat officiel, le 14 octobre 1877, dans le même arrondissement, il échoua cette fois avec 7,986 voix, contre 8,559 à l'élu républicain, M.La Vieille, et ne se représenta plus. Officier de la Légion d'honneur du 3 octobre 1871.

Quelques Précisions...

Lors de la Campagne de Chine, René de Tocqueville est Maréchal-des-Logis au 4e Chasseurs à Cheval, détaché au Corps expéditionnaire.

Il est présent à la prise du Palais d'été, comme le cite Armand Lucy dans ses "Souvenirs de voyage - Lettres intimes sur la campagne de Chine en 1860" (Marseille, 1861) :
"6 octobre.
L'armée se met en marche sur deux colonnes , les Anglais à droite ; nous marchons en obliquant par la droite sur Pé-King.
(...)
Au même moment, Sir Hope Grant informe le Général en chef que l'ennemi, au nombre d'environ 40,000 cavaliers s'est retiré dans la direction du Palais d'été Yuen-Ming-Yuen , à quatre lieues de Pé-King, et qu'il marche lui-même dans cette direction. Nous nous mettons en mouvement, et bientôt, la disposition du terrain nous fait dépasser les Anglais à notre insu.
(...)
Enfin . nous traversons un assez gros village sur un chemin dallé, et nous parvenons devant le fameux Palais d'été.—A notre gauche était un petit lac puis un petit bois dans lequel on campa. En face de nous la route barrée par un mur, tournait à angle droit et venait aboutir à une porte grillée très simple. La cavalerie s'établit auprès de cette porte. Sur la droite de ce prolongement était, au fond d'un vaste hémicycle la grande porte du Palais Impérial. La brigade Gollineau s'arrêta au tournant, la brigade Jamin se mit à droite de la route, l'artillerie à gauche. Le Général était resté à cheval surveillant tout. Le chef d'escadron d'état-major Campenon était pendant ce temps allé reconnaître la porte principale avec la 1re compagnie de débarquement commandée par M. de Kenney , lieutenant de vaisseau. Le comte de Pina, officier d'ordonnance du Général, l'accompagnait.
La 5e compagnie de débarquement, commandée par mon excellent ami et camarade Rebel formait la réserve.
Tout à coup quelques coups de fusils se font entendre, et puis arrive à fond de train un de nos civils qui était allé de l'avant avec les marins, le diable sait pourquoi, car enfin les Pékins devraient rester à leur place à moins d'occasion toute exceptionnelle... Voici donc ce Monsieur qui arrive en criant : Général, au secours , les marins sont cernés , .etc., etc. Ce qu'il aurait aussi bien fait, conviens-en, de dire à voix basse.
Deux compagnies partent au pas gymnastique, la fusillade se taisait, mais on entendait très-bien le tam-tam des Tartares. Revient alors M. de Pina, blessé très-grièvement d'un coup de sabre au poignet , qui nous dit que les marins ont besoin de renfort. Peu après survient le maréchal-des-logis de Tocqueville qui annonce que l'ennemi occupe la porte grillée, Les marins avaient tourné la porte principale en sautant par dessus un mur, leur officier, M. Butte, aspirant de 1re classe , le premier de tous ; c'était là que l'on se battait.
Les chasseurs et les spahis reviennent au grand trot auprès du Général. Il faisait presque nuit, l'état-major occupait l'angle de la route, quand tout à coup un cri de : « Voilà les Tartares ! » retentit. Les fantassins qui allaient dresser leurs tentes, sautent sur leurs armes. « Ne tirez pas ! à la baïonnette » crie le Général. « Pas de coups de fusil! » La confusion était au comble. Nous mettons le revolver au poing , mais la pensée de l'obscurité fait donner la préférence au sabre. Le Général domine la position par son merveilleux sang-froid. Tout à coup une décharge de gingoles part de la porte grillée , les balles nous sifflent aux oreilles. A ma grande satisfaction et sans vanité, je te dirai que le seul effet qu'elles me produisirent fut de me faire retourner pour voir si personne n'était blessé. Je croyais que c'était plus émotionnant. Pendant que le comte de Bouillé et moi cherchions le Général que nous avions perdu dans l'obscurité de la bagarre, deux nouvelles décharges nous arrivent. Par miracle, à une telle distance, il n'y eut d'atteint qu'un aspirant, M. Vivenot, sous-lieutenant de la 5e compagnie de débarquement. Un pauvre mouton fut tué, et le cheval de M. de Bouillé reçut une balle. Si les balles ne m'avaient rien fait, l'idée de me trouver dans l'obscurité au milieu d'une charge de cavalerie, me fit une désagréable impression qui ne dura qu'un instant, et quand je rejoignis le général, je ne rêvais plus que plaie et bosse. Mais les Tartares se sauvèrent au bout de quelques minutes, — et nous pûmes dîner à huit heures. (...)"

A l'issue de la campagne, Tocqueville sera promu à un emploi de Sous-lieutenant au 11e Chasseurs par décret du 6 Novembre 1860.

Il prendra part à l'expédition de Cochinchine de 1861 comme Officier d'Ordonnance et porte-fanion de l'Amiral Charner, Commandant en Chef des forces de Terre et de Mer.

Lors de cette campagne, des décorations seront accordées aux troupes Françaises par Isabelle II d'Espagne, à la suite d'expéditions faites en Cochinchine avec les troupes espagnoles.
Le 27 novembre 1861, le Ministre Secrétaire d'Etat de la Marine et des Colonies adresse à son collègue de la Guerre des décorations et brevets transmis au nom du gouvernement Espagnol, comprenant un Ordre de Saint Ferdinand pour Tocqueville, sous-lieutenant 11e Chasseurs, et promu Chevalier de 1re Classe de cet ordre (on en voit ci-contre croix et plaque).

Le Ministre de la Guerre fera suivre le 13 Décembre 1861 au Maréchal commandant le 7e Corps d'Armée à Alger (ainsi que celle pour le Capitaine Mocquard, 3e Spahis) accompagné du mot : "Je prie votre Excellence de transmettre ces objets aux conseils d'administration des 11e Chasseurs et 3e Spahis jusqu'à l'époque de la rentrée des titulaires à leur corps."

Si Tocqueville permute aux Guides de la Garde Impériale, ce n'est pas dans le grade de Capitaine, comme annoncé par erreur dans la notice ci-dessus, mais bien dans celui de Sous-Lieutenant représenté ici.