France
Guides de la Garde Impériale


Carte de Visite atelier Disderi à Paris
Arthur de Marsay, Sous-Lieutenant aux Guides

Saint-Cyrien de la Promotion de Crimée-Sébastopol (1854-56), Arthur de Marsay est nommé Sous-Lieutenant le 1 Octobre 1856, et affecté le 2 au 6e Lanciers "par suite de changement d'arme".

Il rejoint courant 1857 l'Ecole Impériale de Cavalerie de Saumur pour y suivre le Cours de la Deuxième Division des Officiers d'Instruction ; Il ne sera pas classé à l'issue du cours de la Première Division de l'année suivante.

C'est l'année suivante qu'on le retrouve aux Guides de la Garde Impériale. Il participera avec son nouveau régiment à la Campagne d'Italie.

On le croise ainsi au détour d'une des savoureuses anecdotes relatées par le Marquis de Massa dans ses "souvenirs et Impressions" (la scène se passe le 10 Juin, dans un Milan qui vient de fêter ses libérateurs) :

"Le lendemain de cette nuit vertigineuse, la cantinière de notre popote s'étant aperçue que son gril avait disparu, Beaufranchet chargea ses trois sous-lieutenants, Chézelles, Marsay et moi, d'aller faire un dernier tour en ville pour en acheter un. Mais aucun de nous ne parlant la langue de Dante, il nous adjoignit Michau, capitaine en second qui, sans en savoir plus que nous, s'était composé un vocabulaire spécial mélangé de latin et de mots français italianisés. Avec cela, et surtout à l'aide de beaucoup de gestes, il arrivait quelquefois à se faire comprendre.
Malheureusement, c'était le jour de la Pentecôte ; pas une boutique n'était ouverte. On nous indiqua néanmoins un grand bazar où, malgré sa fermeture, il serait peut-être possible de pénétrer par une ruelle latérale. Nous étant trompés de porte, nous entrâmes dans une maison borgne aux volets fermés, mais où nous fûmes très bien accueillis par la maîtresse du lieu, qui sortit aussitôt de sa cuisine pour nous introduire dans le salon.
— Habemus besogno d'uno grillo per fare cuira Iei costolettas, lui dit Michau avec aplomb.
— Non capisco, répondit la dame.
— Spera momento, continua-t-il en lui offrant le bras pour la ramener un instant à la cuisine.
Là, il décrocha de la muraille l'ustensile demandé, tira son porte-monnaie, l'ouvrit et ajouta :
— Eccolo ! Quanto ?
— Félicissima offrir velo per niente ! dit et mima l'excellente femme en enveloppant l'objet dans du papier.

Pendant que nous nous confondions en remerciements, elle nous fit entendre qu'elle avait été, dans sa jeunesse, une des étoiles de la Scala, témoin une lithographie encadrée et signée, avec cette dédicace :
« A mia cara Cenerentola.
» Rossini. »

Tout à coup, quatre jolies filles, surprises, encore en robes de chambre, par notre apparition matinale, firent irruption dans le salon et nous sautèrent au cou en criant :
— Liberatori! Liberatori!
Nous comprîmes que c'étaient des élèves à qui l'ancienne étoile enseignait la musique, et, comme elles paraissaient désireuses de nous montrer leur savoir-faire, nous aurions eu vraiment mauvaise grâce à n'y point consentir. Après l'audition, on servit des rafraîchissements et quand, en fin de compte, nous voulûmes acquitter les frais de la réception, ce fut avec des gestes de pudeur offensée que les jeunes virtuoses repoussèrent notre offrande. Pour unique indemnité, la maîtresse de la maison et de Rossini, réclama la faveur de nous déposer tour à tour un baiser sur le front. C'est ainsi que nous sortîmes, avec notre gril, sacrés par l'Art après l'avoir été par la Victoire."

Les Guides assisteront à la journée de Solferino sans y prendre une part active.

Marsay n'y fera pas une longue carrière, démissionnant courant 1861 dans le grade de sous-Lieutenant pour se marier (le mariage était alors interdit aux officiers subalternes de la Garde).
Il porte ici le bonnet de police du modèle 1857 - qui sera modifié en 1860.
La photographie date certainement de début 1859, puisqu'il n'y porte pas la Médaille Commémorative de la Campagne d'Italie


La famille de Marsay a fait l'objet d'une très complète "Notice Historique" dans l'Annuaire de la Noblesse Française de 1911 ; en voici extraites les lignes qui concerne le Vicomte Arthur de Marsay, à l'origine du du rameau puîné :

"Arthur de Marsay, lieutenant (sic) aux guides de la garde impériale, Conseiller général d'Indre-et-Loire, né à Loches le 13 octobre 1836, + à Loches le 19 avril 1888, épousa le 11 juin 1861, Louise-Claire-Berthe Cibiel, + le 20 avril 1891, fille de Vincent et de Zoé Barbet, et petite-fille de M.Barbet, maire de Rouen, député de la Seine-Inférieure et pair deFrance en 1846, dont quatre enfants :
Edmond, qui suit.
René, lieutenant de vaisseau, maire de Chemillé-sur-Indrois, LH, né le 27 septembre 1863, + au Liget, en octobre 1910 ;marié à Marcelle Delagrave, + à Paris, en avril 1896, sans postérité ;
Berthe, née le 15 février 1874, mariée le 15 octobre 180 à Olivier Law de Lauriston-Roubers, officier de cavalerie ;
Jeanne, née le 27 janvier 1874, mariée en avril 1893, à René de la Forest d'Armaillé, officier de cavalerie."

On complètera en précisant qu'Arthur de Marsay fut lui aussi maire de Chemillé-sur-Indrois (le 21 Janvier 1878), et qu'il appartenait au conseil d'administration de la "Société anonyme d'exploitation des usines de Bayeux, Saint-Lô et Villefranche", fondée à Paris le 25 juin 1872, à la mort de M. Vincent Cibiel, son beau-père.


Merci à Louis Delpérier pour l'identification d'Arthur de Marsay