France
Artillerie de la Garde Impériale


Carte de Visite Atelier Mouret à Paris
Lieutenant-Colonel de l'Artillerie de la Garde Impériale en grande tenue


Cette superbe photographie nous présente un Lieutenant-Colonel de l'Artillerie de la Garde Impériale en grande tenue.

Cet officier supérieur arbore plusieurs décorations :
- Officier de la Légion d'Honneur
- Médaille de la Campagne d'Italie
- Très certainement un Ordre de la Valeur Militaire Sarde (le ruban ne correspond pas à une des autres médailles de Campagne du Second Empire, ni Mexique ni Chine)
- Médaille Britannique commémorative de la Guerre de Crimée.

Ce brillant uniforme fut commun aux officiers du Régiment Monté de l'Artillerie de la Garde Impériale, et à ceux du Régiment à Cheval. Essayons de tirer au clair l'identité de notre homme.

Ce cliché a été réalisé après l'abolition du cordon fourragère (10 Février 1860). Elle semble toutefois dater de la première moitié des années 1860. Le photographe, Mouret, commence sa production photographique en 1855, ce qui ne nous aide guère.


Commençons par dresser la liste des Lieutenants-Colonels de l'Artillerie de la Garde

Année Régiment Monté Régiment à Cheval
1859 Moulard De Berckheim
1860 De Salignac-Fénelon Fiévet
1861 De Salignac-Fénelon Fiévet
1862 De Salignac-Fénelon Fiévet
1863 De Salignac-Fénelon Faye
1864 De Bar Faye
1865 De Bar Schneegans
1866 De Bar Schneegans
1867 De Bar Schneegans

Essayons ensuite de savoir lequel des ces messieurs est représenté ici...


Théodore-Gustave-Adolphe MOULARD

Né le 28 Décembre 1812 à Cassel, il était Lieutenant-Colonel (en date du 8 Octobre 1856) au 17e Régiment d'Artillerie à Cheval en 1858 avant de passer au Régiment d'Artillerie à pied de la Garde Impériale en 1859.

Il avait participé à la Guerre de Crimée en tant que Chef d'Escadron au 4e Régiment d'Artillerie (à pied).

Il est fait Officier de la Légion d'Honneur le 13 Août 1859.
En 1860 il a été remplacé dans ce poste mais reste "Adjoint au commandant de l'artillerie de la Garde impériale et chef d'état-major de ladite Garde", jusqu'au 14 Mars 1860, où il est promu Colonel, dans les mêmes fonctions.

Le portrait aurait donc été fait entre février et mars 1860 - on est dans le domaine du très peu probable...

 Retour


Sigismond-Guillaume de BERCKHEIM

Il n'est mentionné ici que pour la forme - étant en effet promu Colonel du 6e Régiment d'Artillerie-Pontonniers le 15 Juillet 1859 :
http://www.military-photos.com/deberckheim.htm

 Retour


Adolphe-Louis-Emilien-Frédéric de SALIGNAC-FENELON

Sa carrière est retracée dans une notice nécrologique parue dans la Revue d'Artillerie en 1886 :
"Un nouveau deuil vient d'attrister l'artillerie. La mort lui a enlevé, le 17 du mois dernier, un de ses anciens memebres les plus distingués et les plus sympathiques, le général de division de Salignac Fénelon (Adolphe-Louis-Emilien-Frédéric).
Né à Bâle le 27 février 1815, de Salignac Fénelon n'a pas encore atteint l'âge de 19 ans lorsqu'il entre comme élève à l'École polytechnique. A sa sortie de l'École d'application de Metz, il est classé à la 10e batterie du 8e régiment d'artillerie, dans laquelle il reste avec les fonctions de lieutenant en 1er jusqu'à sa promotion au grade de capitaine le 10 février 1843.
Comme capitaine en 2e, il est adjoint aux forges du Doubs, puis à la direction de Toulouse. Nommé en 1er le 30 décembre 1848, il prend le commandement de la 5e batterie du 9e régiment. Choisi en janvier 1852 par le général André pour remplir auprès de lui les fonctions d'aide de camp, il devient, le 17 mai 1854, officier d'ordonnance du Ministre de la guerre, et reçoit à la fin de la même année la croix de chevalier de la Légion d'Honneur.
Promu chef d'escadron le 22 mars 1856, de Salignac Fénelon conserve ses fonctions auprès du Ministre jusqu'au 4 mai 1859, date de sa nomination au grade de lieutenant-colonel, et de sa désignation comme adjoint à l'état-major général de l'armée d'Italie.
Au retour de la campagne, le lieutenant-colonel de Salignac Fénelon est classé au régiment à pied de l'artillerie de la garde. L'année suivante il passe au régiment monté, et reçoit, le 14 mai 1861, la croix d'officier de la Légion d'honneur. A la fin de l'année 1863, il est nommé chef du bureau du personnel de l'artillerie au ministère de la guerre, et remplit ces fonctions no moins difficiles qu'importantes jusqu'à la déclaration de guerre contre l'Allemagne.
Il avait été promu colonel le 4 mars 1864 et fait commandeur de la Légion d'honneur à la fin de l'année 1868.
Placé, le 16 juillet 1870, à la tête de la réserve d'artillerie du 5e corps d'armée, le colonel de Fénelon participe aux vicissitudes du corps de Failly puis de l'armée de Châlons. Pendant les longues et pénibles marches qui devaient aboutir au désastre de Sedan, il soutient sans cesse le moral de ses batteries par son inaltérable bonne humeur. Jamais il ne se sépare de sa troupe, et il partage avec elle toutes les fatigues du bivouac et des nuits sans abri, plutôt que de consentir à aller chercher seul sous quelque toit voisin un repos parfois nécessaire.
Le 1er septembre, il prend le commandement de l'artillerie du 5e corps lorsque le général Liédot est frappé mortellement ; vers la fin de la journée, réunissant quelques pièces de ses batteries restées à peu près intactes, il accompagne les troupes que le général de Wimpffen tente de porter en avant dans un dernier effort.
Prisonnier à Mayence, le colonel de Fénelon trouve encore l'occasion de déployer ses hautes qualités de bonté et de dévouement ; il est la providence des malheureux internés avec lui ; grâce à sa parfaite connaissance de la langue allemande et à ses relations personnelles, il lui est souvent donné d'adoucir le sort rigoureux de ses compagnons de captivité et de leur épargner des embarras ou des vexations.
Nommé général de brigade à la suite, pendant sa captivité, il prend le 11 juin 172 le commandement de l'artillerie du 2e corps de l'armée de Versailles. vers la fin de l'année suivante, il est appelé aux mêmes fonctions au 5e corps d'armée, et organise l'installation de la brigade et des établissements de l'artillerie à Orléans, avec l'aide du regretté général Morlière, alors son chef d'état-major et directeur de l'École.
Promu général de division le 3 mai 1875, il vient siéger au Comité de l'artillerie, et atteint par la limite d'âge le 27 février 1880, il est classé au cadre de réserve après avoir vu ses services éminents récompensés par la dignité de grand-officier de la Légion d'honneur.
Esprit fin et cultivé, caustique sans méchanceté, le général de Salignac Fénelon a su, par une constante bienveillance, s'attirer l'affection de tous ceux qui l'ont connu. On peut dire qu'il est mort ne comptant que des amis. C'était, pour tous ceux qui avaient eu l'honneur de servir sous ses ordres, un appui sûr en toute circonstance.
Bien qu'admis à la retraite, il ne s'était pas séparé de l'arme dans laquelle il avait fait toute sa carrière. Jusqu'à ses derniers moments, son plus grand plaisir était de recevoir les officiers qu'il avait connus, et de s'entretenir avec eux de leurs travaux et des progrès de l'artillerie.
On pourrait répéter aujourd'hui sur sa tombe les belles paroles qu'il prononçait naguère sur celle du général Morin, car lui aussi a donné à l'armée ce qu'il avait de plus précieux, ses deux fils, l'un mort prématurément lorsqu'il venait de sortir de Saint-Cyr, l'autre aujourd'hui lieutenant de cavalerie.
Puissent les regrets unanimes de l'artillerie apporter quelque adoucissements à la douleur profonde de la famille du général de Salignac Fénelon."

On voit donc que de Salignac Fénelon n'a pas participé à la Guerre de Crimée - ce ne peut donc être lui.

Retour


Jacques-Auguste-Constant-François FIEVET

Le colonel Fiévet, qui avait notamment participé à la bataille d'Inkerman, en Crimée, est resté dans les annales pour sa sortie lors du siège de Strasbourg le 16 août 1870 - sortie qui lui coûtera la vie, il décèdera de ses blessures le 1er septembre. Il était alors Colonel du 16e régiment d'artillerie-pontonniers.

Des portraits du Colonel Fiévet sont connus, et il ne s'agirait pas de notre homme.

 Retour


Antoine-Louis de BAR

Voici une notice relatant sa carrière extraite du Nobiliaire du Berry :
"Antoine-Louis, dit Ludovic, de BAR, dit le vicomte de Bar, né à Arfeuille-Châtain (Creuse) le 1er novembre 1814, mourut au château des Edelins, Cne de Bayet (Allier) le 24 décembre 1880. Admis à l'Ecole polytechnique le 1er octobre 1833, puis en 1835 à l'Ecole d'application de Metz, il fut nommé, le 1er octobre 1837, lieutenant en second au 1er régiment d'artillerie, détaché à l'Ecole de cavalerie de Saumur le 1er avril 1839, promu lieutenant en premier au 2e régiment d'artillerie le 1er octobre 1840 et capitaine en second au 3e régiment le 6 novembre 1842 et instructeur d'équitation. Capitaine en premier le 2 octobre 1848, chevalier de la Légion d’Honneur le 9 août 1854, chef d’escadron le 28 mars 1855, il participa à la campagne d’Italie. Lieutenant-colonel au 14e régiment d'artillerie le 27 décembre 1861, il entra, au choix dans la Garde impériale le 2 janvier 1864 et fut promu officier de la Légion d’Honneur le 26 décembre de la même année. Colonel du 4e régiment d’artillerie depuis le 18 mars 1868, il prit en 1870 la direction des parcs d'artillerie du 3e corps de l'armée du Rhin sous Metz. Malade au moment de la capitulation de cette place, il refusa la faveur du prince Frédéric-Charles qui était disposé à le dispenser de la captivité et partagea le sort de ses troupes. Commandeur de la Légion d'honneur en 1871, il fut nommé le 6 octobre 1873 général de brigade et commandant de l'artillerie du 9e corps d'armée. Il fut mis à la retraite le 2 avril 1879. (...)"

On voit donc que de Bar n'a pas participé à la Guerre de Crimée - ce ne peut donc être lui.

 Retour


Joseph FAYE

J'annonce tout de suite qu'il s'agit de notre principal suspect.
Joseph Faye est né le 8 Mars 1811 à Clermont (Puy-de-Dôme).

Sous-Lieutenant en 1833, il est encore Elève à l'Ecole d'Application en 1834.
Le 1er octobre 1835, il passe Lieutenant en Second au 13e Régiment d'Artillerie.
En 1841, on le retrouve Lieutenant en Premier au 6ème Régiment d'Artillerie - Faye est alors en Afrique, et Chevalier de la Légion d'Honneur.
Il est promu Capitaine en Second le du 3 Août 1841.
Dès 1843, on le retrouve détaché du 6e Régiment d'Artillerie à la Manufacture d'Armes de Tulle.
A partir de 1848, il est Capitaine en Premier et affecté à cette Manufacture, jusqu'en 1854 où on le retrouve "au Dépôt Central à Paris".

Il participe à la Guerre de Crimée, et il est promu Chef d'Escadrons le 28 Mars 1855.
Le 8 Septembre 1855, il est "blessé par un éclat de bombe" à la Batterie N°42 ; ce même jour, le Capitaine en 2e Caremel y est tué, et le Capitaine en 2e Maignien blessé, également par un "éclat de bombe" - peut-être la même.
Terminée le 6 septembre, la batterie avait ouvert son feu le 7 à midi avec 3 de ses 5 obusiers de 22c à ricochet (mis en batterie dans la nuit du 6 au 7).
Située à la droite et un peu en avant de la redoute Brançion (attaque de droite), cette batterie avait pour objectif de "concourir à écraser Malakoff, le petit Redan et tous les points avoisinants, et ruiner la défense des Russes pour favoriser les approches et l'assaut des ouvrages".

Faye est fait Officier de la Légion d'Honneur le 29 Décembre 1855. Il est affecté au 13e Régiment d'Artillerie, dont plusieurs batteries prennent part à la Campagne d'Italie ; le Chef d'Escadron Faye lui-même y commande l'artillerie de la 2e division du 2e corps.
Il est promu Lieutenant-Colonel le 31 Décembre 1859.
En 1860, il commande les batteries d'artillerie détachées à Lyon.
En 1861, il est Directeur de l'École d'Artillerie de Valence.
En 1862, il commande à nouveau les batteries d'artillerie détachées à Lyon.

Il rejoint ensuite le Régiment d'Artillerie à Cheval de la Garde Impériale, certainement à la promotion de Fiévet au grade de Colonel, le 24 Décembre 1862.
En 1864, il sera promu Colonel à son tour, et commandera le 12e Régiment d'Artillerie (nommé par décision ministérielle du 31 Août, il prend son service le 26 Septembre).

En 1867, le Colonel Faye, le chef d'Escadron Suter, et les 8e et 9e batteries (commandant Bougault) du 12e Régiment d'Artillerie sont désignés pour faire partie du corps expéditionnaire de Rome.
Le colonel Faye est nommé commandant de l'artillerie du corps expéditionnaire, avec le chef d'escadron Suter comme chef d'état-major. Ils quittent tous deux Auxonne le 21 octobre pour aller s'embarquer à Toulon. Le capitaine en second Reibell est adjoint au chef d'état-major. Le chef d'escadron Rougault part d'Auxonne pour Toulon le 22 octobre.
La 1ere demi-batterie de la 9e batterie prendra part au combat de Mentana le 3 Novembre - rejointe à midi par la 2e demi-batterie qui faisait partie de la division amenée par le Général Dumont.
Le colonel Faye rentrera au régiment le 20 Février 1868.

Lors de la guerre contre la Prusse, le Colonel Faye sera mis en non activité pour infirmités temporaires le 31 Août 1870. Il sera remplacé à la tête du 12e Régiment d'Artillerie le 1er Avril 1871 par le Colonel Hennet.

 Retour


Louis-Ernest SCHNEEGANS

On peut découvrir une notice sur sa carrière ici :
http://www.military-photos.com/schneegans.htm

On y apprend qu'il était bien des Campagnes de Crimée et d'Italie, mais également de celle de Chine dont notre sujet n'arbore pas la médaille - ce ne peut donc être lui.

 Retour


Page France Page Artillerie Volante