France
Chasseurs à
Cheval de la Garde Impériale
Carte de Visite,
Studio Clavel à Valence |
Charles-Frédéric BÜHLER est né le 26 Janvier 1828 à
Stains (Seine). Il est le fils de Charles-Frédéric, jardinier, et Anne Sirée
PREVOT.
Il signe pour 7 ans au 4e Hussards le 11 Avril 1848 à la Mairie du 10e arrondissement de Paris. Il arrivera au Corps le 26 Avril - le régiment vient de prendre quartier à Lunéville. En Mai 1849, le 4e Hussards ira prendre quartier à Sedan, Givet et Rocroy. En décembre 1850 il se rendra à Haguenau - dont il partira en septembre 1851 pour se répartir entre Béziers, Montpellier, Lunel et Avignon. L'hiver 1851 est troublé par le coup d'état du Prince-Président. Bühler se verra compter des services de campagne au titre de la 10e Division Militaire. L'Historique du 4e Hussards relate : " A Béziers, le lieutenant-colonel de Montfort fut obligé de charger dans les rues de la ville pour dissiper les bandes qui venaient assaillir la sous-préfecture. Autour d'Avignon, le régiment fut chargé de fournir des patrouilles qui eurent plusieurs fois avec la population soulevée des rencontres dans lesquelles le sang coula. " Bühler est nommé Hussard de 1ère Classe le 19 Septembre 1852 - et presque immédiatement Brigadier, le 3 Octobre. En novembre, le régiment fut envoyé à Castres (avec un escadron à Toulouse). Bühler prendra les fonctions de fourrier le 16
Mai 1854. Une semaine plus tard, le 23, le régiment reçoit l'ordre de se
rendre à l'armée d'Orient. Bühler, qui vient d'être promu Maréchal des Logis (le 7 Juin), n'est pas du départ. Il n'attendra pas longtemps toutefois, embarquant le 7 Juillet - le régiment est alors campé en Bulgarie, sous Varna, où il subit les terribles affres du choléra. Le régiment enverra successivement ses escadrons en Crimée depuis la Bulgarie, en Septembre (3e), et Octobre (2e), n'étant réuni devant Sébastopol qu'en mars 1855. Bühler re-signe pour deux ans le 11 Avril 1855. Le 4e Hussards n'a guère l'occasion de s'illustrer durant cette usante guerre de siège, ne prenant part qu'à quelques reconnaissances sur les bords de la Tchernaïa. Cela changera après la prise de Sébastopol. Le 4e Hussards embarque à Kamiesch le 23 septembre et débarque à Eupatoria le 25, où il se met sous les ordres du Général D'Allonville. Dès le 29 septembre, le régiment trouvera enfin l'occasion de s'illustrer, chargeant les Russes lors de la brillante affaire de Kanghil. Après un nouvel hiver très rude, la paix sera conclue le 30 Mars 1856. Le 4e Hussards rembarquera pour la France après avoir livré ses chevaux aux gouvernement Ottoman à Constantinople. Bühler débarque en France le 14 Juillet 1856. Il recevra la "Médaille de S.M. la Reine d'Angleterre", plus connue sous le nom de Médaille de Crimée, qu'il arbore sur ce portrait photographique. Les six escadrons seront enfin réunis à Castres le 17 Août 1856 - le régiment sera récompensé de sa belle campagne par la garnison très prisée de Paris, où il monte en Octobre suivant. Bühler rengage pour 5 ans le 14 Février 1857. Il deviendra Maréchal-des-Logis Fourrier le 22 Octobre suivant - fonction qu'il occupera durant un an et demi avant d'être remis Maréchal-des-Logis le 10 Mai 1859. Entretemps le régiment s'était rendu à Maubeuge ; en octobre il partira pour Rouen, avant de redescendre sur Tarascon et Marseille, en Mars 1860. Bühler, qui n'est pas de la fraction du régiment envoyée en corps d'occupation à Rome, est décoré de la Médaille Militaire le 24 Septembre 1860 (pour prendre rang du 8). Il est remis sur sa demande Hussard de 2e Classe le 22 Mars 1862, certainement pour pouvoir prétendre au Congé renouvelable qu'il prend ce jour, ayant été nommé à un emploi de garde forestier sédentaire de 2e classe. Il ne restera pas bien longtemps à la vie civile : il se rengage pour 7 ans le 11 Octobre 1862 à la mairie de Draguignan (Var), cette fois-ci au sein des Chasseurs à Cheval de la Garde Impériale, régiment qui avait été créé en 1856 sur la base de la Cavalerie Légère de Crimée. Il arrive au Corps le 14 Octobre. Il est alors ainsi décrit : Taille d'un mètre 680 millimètre Visage ovale Front haut, yeux châtains, nez fort Bouce grande, menton rond, cheveux et sourcils blonds. Il y regagnera vite ses anciens galons : promu Brigadier le 17 Janvier 1863, Brigadier fourrier le 26 Février, Maréchal-des-Logis le 22 Mars, et Maréchal-des-Logis Fourrier le 25 Avril. Il deviendra Maréchal-des-Logis Chef Moniteur Général des Ecoles le 9 Janvier 1868. Il rengage pour 4 ans le 18 Février 1869. Il devient enfin Adjudant Vaguemestre le 25 Mars 1870. Il participe avec son régiment à la Campagne contre la Prusse, à compter du 21 Juillet 1870. Les Chasseurs de la Garde font partie de l'Armée du Rhin, qui deviendra trop vite celle de Metz - ils seront compris dans la capitulation de cette place-forte, et Bühler devient Prisonnier de Guerre le 29 Octobre. Il ne se résout pas à ce sort et s'évade "des
prisons de l'ennemi". Dans son "Histoire des chemins de fer
français pendant la guerre franco-prussienne", Alfred Auguste Ernouf
nous raconte : Bühler rejoint alors les rangs des Francs-tireurs
qui s'ingénieront à compliquer la vie des Prussiens. "A Lamarche. - La petite ville de Lamarche, devenue, ainsi qu'on l'a vu plus haut, un centre d'où rayonnaient nos courageux partisans, empêchait, à Neufchâteau, les Prussiens de dormir; aussi avaient-ils résolu d'en finir avec " ce repaire de bandits et d'assassins ". Bientôt l'on sut par les paysans des environs qu'une attaque contre la ville était imminente et l'on se tint sur ses gardes. Le 9 décembre, arrive à Lamarche, où la compagnie Coumès est déjà de retour de Langres, avec son effectif porté à 80 hommes, une petite troupe de partisans (30 hommes) commandée par le lieutenant Buhler, ancien adjudant vaguemestre des chasseurs à cheval de la garde, évadé de Metz. A titre de détail pittoresque, voici quel était l'accoutrement de ce vieux brave. " Il était, dit Coumès, en uniforme d'adjudant de chasseurs à cheval de la garde, sauf qu'il portait des chaussons et des sabots en place de bottes, qu'il avait un long pardessus d'hiver bourgeois en drap marron et un chapeau mou gris, à larges bords, comme un mousquetaire. Le 10, Coumès parvient à organiser une patrouille
de cavalerie qui va reconnaître l'ennemi. Sa composition mérite également
d'être donnée. Cette patrouille va jusqu'à Frain, échange des coups de pistolet avec les éclaireurs ennemis et renseigne parfaitement nos officiers. Le même jour, un conseil de guerre est tenu à Lamarche et se prononce pour la résistance à outrance. La nuit se passe à copier et à envoyer les ordres pour le combat du lendemain. En voici la substance. A trois heures du matin, Buhler avec 30 hommes, ira se poster près du bois de la Fourrée pour attaquer les Allemands qui voudraient traverser le bois. A trois heures et demie, un détachement de la compagnie Coumès sous les ordres du sous-officier Sire, prendra position à la Tuilerie. Quand les partisans Buhler auront commencé le feu, la section du sergent Sire se portera à son secours et se déploiera à sa gauche. La compagnie Coumès, postée à mi-chemin entre les bois de la Fourrée et Lamarche, se tiendra prête à se porter ou le besoin s'en fera sentir. La compagnie Bernard, disséminée des deux côtés de la route de Mirecourt, s'opposera aux mouvements tournants que pourrait tenter l'ennemi. La compagnie Grégoire, voltigeurs de Saint-Dizier, gardera la ligne de retraite. Le Combat. - A dix heures, le cri " aux armes ! " retentit dans Lamarche. Les Prussiens sont signalés au nombre de 1.200 fantassins, 50 cavaliers et 5 pièces d'artillerie. Nous avions de notre côté, en ajoutant aux forces énumérées plus haut les guides forestiers et quelques mobilisés revenus de leur frayeur du 4 décembre, environ 300 hommes. Ne pouvant donner ici in extenso, le récit du combat tel qu'il se trouve dans les notes du commandant Coumès, nous le donnerons d'après le résumé qu'en a fait le garde général Rambaux dans son opuscule déjà cité. " Je vais, dit le lieutenant, résumer les divers incidents de cette lutte acharnée où, durant trois heures, une poignée de braves ont tenu en échec un corps prussien nombreux et bien armé. C'est un des plus beaux épisodes de la défense des Vosges... " Les Prussiens pénétrèrent dans le bois de la Fourrée par la route de Mirecourt, point où devait se trouver le lieutenant Buhler, avec ordre de résister jusqu'à l'arrivée du poste de la Tuilerie et des autres compagnies. Mais, par suite de circonstances regrettables, ce lieutenant, supposant que l'attaque aurait lieu plus à droite, non loin d'un petit bois isolé, avait cru devoir modifier sa place de bataille et s'était porté vers le point qu'il croyait menacé. " Aussi, quand l'ennemi arriva par la route de Mirecourt, essaya-t-il vainement de courir à son premier poste; il fut promptement débordé par des forces considérables et dut se replier, après un échange de quelques coups de feu, abandonnant ainsi la forêt aux Prussiens qui s'y ruèrent en masse et l'occupèrent avant que nos troupes, mandées en toute hâte, mais trop tard, y fussent arrivées. " C'était un début malheureux, car il donnait à nos adversaires l'avantage de la position. " Mais, loin de se décourager, Bernard et Coumès rallient leurs hommes, les disposent parallèlement à la ligne ennemie, derrière les buissons et les accidents du sol, et occupent respectivement le mont des Fourches et le mont Saint-Etienne qui dominent tout le terrain environnant. Alors commença un combat furieux et opiniâtre. Une fusillade terrible s'engagea de part et d'autre; les Prussiens essayèrent de nous accabler sous le nombre en faisant avancer d'énormes colonnes, tous leurs efforts échouèrent devant la barrière de feu qui leur était opposée. " Vingt fois, ils tentèrent de s'élancer hors du bois, vingt fois ils durent reculer avec des grandes pertes. A la fin, cependant, ils purent s'approcher davantage, mais les Français, se démasquant tout à coup, se précipitèrent sur eux en criant : " à la baïonnette! ". Ce cri seul produisit dans leurs rangs une véritable terreur et leur fit effectuer un mouvement de recul de plus de 100 mètres ". C'était le capitaine Bernard qui avait eu l'initiative de cette charge audacieuse et heureuse; le lieutenant Coumès, son émule en courage, le reconnaît lui-même expressément. Cependant le nombre des ennemis croît sans cesse, les forces des nôtres s'épuisent, les munitions commencent à leur manquer. De plus, on signale un mouvement de la cavalerie ennemie qui veut tourner le mont des Fourches. Il faut reculer sous peine d'être entouré et pris. Coumès et Bernard se replient sur Lamarche qu'ils traversent en enlevant une partie du matériel, pendant que les voltigeurs de Saint-Dizier et les gardes forestiers, se déploient à leur tour et tiennent l'ennemi en respect. " Le combat des Fourches, dit M. Rambaux, fut excessivement meurtrier pour les Prussiens. Craignant une surprise que pouvaient faciliter la neige et le brouillard, ils ne s'avançaient qu'en colonnes serrées et nos feux de peloton, bien dirigés par le lieutenant Coumès, y faisaient d'horribles trouées. " La perte de l'ennemi fut évaluée à 180 hommes hors de combat. Les habitants, à vrai dire, ne purent compter les morts et les blessés gisants sur le terrain, car les Allemands ne leur permirent l'accès du champ de bataille que le lendemain; mais ils virent se diriger sur Epinal " cinq énormes voitures remplies de blessés. " Nous avions nous-mêmes eu 30 hommes, hors de combat mais nous avions pu ramener à Lamarche tous nos blessés. Ils allaient être soignés à l'hospice d'une façon des plus touchantes, sous la direction du bienfaisant M. de Bourgogne. La Retraite. - Notre retraite se fit d'abord par la route de Langres, mais au Bois-le-Seigneur, après un ralliement à la maison Duc, nous tournions à droite et gagnions par Tollaincourt et Recourt, le camp de la forêt de Boëne (camp de la Vacheresse ou de la Délivrance), où l'on arriva à neuf heures du soir. Il y avait 50 centimètres de neige, et le froid était des plus rigoureux. Le forestier Griselin, étant en sentinelle, eut un pied gelé; on se coucha abrité tant bien que mal, dans les deux maisons forestières Boëne et Chaudot. Les vainqueurs, là comme à peu près partout, manquèrent complètement de hardiesse. Ce n'est qu'une heure après le départ de nos soldats " et en usant de mille précautions, qu'il pénétrèrent dans la ville " (Rambaux). Ils avaient tellement peur d'exaspérer cette patriotique population qu'ils n'osèrent pas renouveler à Lamarche les horreurs de Rambervilliers; ils se bornèrent à des pilleries et à quelques mauvais traitements envers les habitants. Ils imposèrent toutefois à la ville une contribution de guerre de 300,000 francs. Dûment persuadés que nos troupes s'étaient retirées sur Langres, quand ils vinrent à apprendre, le lendemain 12, au matin, qu'il y avait des forces françaises dans les bois de la Boëne, ils ne se doutèrent pas que c'étaient celles qu'ils avaient repoussées la veille et se crurent tombés dans un traquenard. A cette nouvelle, une panique véritable s'empara d'eux et ils détalèrent dans la direction d'Épinal avec tant de précipitation " qu'ils n'achevèrent pas le repas qu'ils venaient de commencer, que des 300.000 francs exigés la veille, ils se contentèrent de 5.528 francs ; que le commandant lui-même oublia sur sa table de nuit ses bijoux et sa bourse " (Rambaux). Ils ne devaient plus reparaître dans la brave petite ville qu'à l'époque de l'armistice. (...) Ruses Déloyales. - Dans le récit de Coumès, nous retrouvons consignées les différentes ruses déployées par nos chevaleresques ennemis, et dont nous avons déjà eu si souvent l'occasion de parler. Ce sont des cris de : En avant ! ou des sonneries françaises de clairon qu'ils font entendre dans le brouillard, pour nous tromper ; puis c'est cette variante du fameux coup de la crosse en l'air. Coumès est demeuré seul avec sa poignée d'hommes, sur le versant occidental du Mont-des-Fourches dont le sommet est occupé par des troupes qui peuvent aussi bien être des Français que des Allemands, car le ciel brumeux ne permet pas de distinguer nettement ce qu'il en est. " Tout à coup, dit l'officier, le brouillard s'étant presque entièrement dissipé, des signes nous furent faits d'en haut, et comme des invitations à venir nous joindre à ceux qui couronnaient le sommet. Je ne doutais pas que ce ne fussent des tirailleurs Buhler, laissés en observation, qui nous demandaient notre aide... Je fis donc faire par peloton à droite, en recommandant âmes hommes de ne pas se presser pour ne pas arriver essoufflés; la pente étant très raide et la neige épaisse. Mais nous n'avions pas fait cinquante pas, que nous reçûmes une grêle de balles. Ceux qui nous faisaient signe d'approcher n'étaient autres que des chasseurs prussiens : nous les reconnûmes à leurs brandebourgs noirs. " Tiré du même ouvrage, régalons nous de la pittoresque description de ce camp de Boëne, repaire des Francs-Tireurs : "Le Camp De Boene. - Avant de quitter nos
partisans pour parler de la malheureuse affaire du 50e à Longeau, donnons,
d'après M. Rambaux, quelques détails sur le camp de Boene, de la Vacheresse ou
de la Délivrance, car c'est de là que partiront ultérieurement d'autres
expéditions, entre autres celle du Pont- de-Fontenoy. Cette installation
militaire en plein pays occupé, n'est pas, du reste, une des choses les moins
honorables de cette campagne, et il y a sans doute bien peu de Français
aujourd'hui qui connaissent cette création hardie et vraiment curieuse. "
Son emplacement, nous l'avons dit, avait été choisi au centre d'un vaste
plateau, élevé de 60 mètres, bordé de pentes abruptes et environné des
villages de Sauville, Rozières, Villotte, Martigny, Crainvilliers et la
Vacheresse. Bühler enreprendra ensuite avec sa petite troupe une ...marche sur Nancy (!), ainsi relatée par Ernouf (op.cit.) : "La petite compagnie Bühler, qui, le 10
décembre précédent, avait prêté main forte, à Lamarche, aux partisans des
Vosges et fait sa retraite à part, était revenue le 7 janvier dans cette
localité, juste au moment où l'on y apprenait le mouvement de l'armée
française de l'Est. Cette audacieuse initiative viendra contrarier d'autres
plans en cours - comme on le lit dans la relation de l'expédition du Pont de
Fontenoy (Sergent, op.cit.) : Rassemblement. - Le 18 courant, à quatre heures du soir, je partis du camp de la Boène, où était concentrée la majeure partie de l'Avant-garde de la délivrance, avec ma compagnie, les compagnies ou sections Adamistre, Richard et Magnin, et je les conduisis jusqu'à Vaudoncourt, où devait nous joindre le Bataillon du Gard, que, dans la journée, le commandant Bernard était allé chercher à Lamarche et Rôcourt, accompagné des éclaireurs à cheval. Ce bataillon n'était, en effet, commandé que par son plus ancien capitaine, M. Renaud. En passant à la Vacheresse, j'y ralliai la compagnie Mallière. Les compagnies du camp et le bataillon du Gard firent leur jonction vers neuf heures du soir. En Marche. - La colonne expéditionnaire se trouvant
ainsi réunie, sous le commandement général de M. Bernard, suivit, jusqu'à
Fontenoy-sur-Moselle, l'itinéraire ci-après, dont voici les principaux points
: Il va sans dire qu'on évitait, autant que possible, de traverser ces diverses localités, pour ne pas donner l'éveil. De Vaudoncourt, où l'on s'arrêta près de trois heures, le commandant Bernard mit toute la colonne en marche, les " compagnies de la Délivrance " précédant le " bataillon du Gard ". On observait l'échelonnement de précaution ordinaire (éclaireurs, avant-garde, colonne principale, flanqueurs, arrière- garde, etc...). C'est ainsi que, de Vaudoncourt à la Hayevaux, je commandais celle-ci, formée de ma compagnie et de la compagnie Adamistre. On passa à l'ouest d'Aulnois, d'Ollainville, de Darney-aux- Chénes, de Longchamps-sous-Châtenois, enfin à Châtenois où l'on fit une halte. Le commandant Bernard nous avait devancés, avec quelques membres du Comité, pour aller reconnaître le gîte et préparer les vivres. Le soin me fut laissé d'amener la colonne jusqu'à la première étape. Un Trouble-fÊte. - J'appris à Châtenois, par le maître de l'auberge où venaient de souper les officiers de mobiles du Gard, que, le matin, un fort détachement d'infanterie et de cavaliers allemands était venu dans ce bourg, et que l'adjudant Buhler s'y trouvait caché dans le moment, avec sa section de partisans. La présence en ce lieu de soldats de notre parti pouvait avoir, au point de vue du secret de notre marche, des avantages ou des inconvénients : je fis mander M. Buhler. Cependant, il fallut se remettre en route. Nous voulions éviter de traverser Attignéville, mais, à cause du convoi qui, mal attelé, suivait péniblement, l'arrière-garde fut obligée de traverser ce village. Elle y fit même une halte assez longue, car elle y resta une heure. Pendant cette halte à Attignévilie, M. Buhler vint se présenter à moi. Il était porteur d'instructions écrites du général commandant supérieur de Langrès, qui le mettaient à mon entière disposition; mais je n'en avais pas été informé. Il m'exposa, qu'on l'avait envoyé, pour occuper l'attention de l'ennemi, entre Chaumont et Neufchâteau, pendant que la colonne opérerait beaucoup plus à l'est de ce dernier point, dont la garnison était relativement nombreuse. Effectivement, je vous avais demandé, mon général, quelques jours auparavant, de vouloir bien faire agir M. Buhler de façon à distraire l'ennemi de notre expédition. .Je jugeais, toutefois, qu'il était présentement en train de dépasser ses instructions, en se disposant à aller dans la région située le long de la ligne du chemin de fer entre Nancy et Toul " où, m'a-t-il dit, il venait de jeter une grande perturbation. " Je conclus que M. Buhler, n'étant point initié aux combinaisons de notre entreprise, pouvait plus nous nuire que nous servir et que, conséquemment, il était inutile qu'il y participât. Je l'invitai donc à s'abstenir de tout enchevêtrement sur notre terrain d'opérations et à s'en aller plutôt manœuvrer dans une direction toute opposée, c'est-à-dire du côté de Chaumont. A La Hayevaux. - L'arrière-garde quitta Attignéville à sept heures du matin, et put rejoindre le gros de la colonne à la grande ferme-école de la Hayevaux, sur la route de Nancy, à 11 kil. ôoo au N.-E. de Neufchâteau et à la lisière O. du bois de Boinville, vers neuf heures et demie du matin. La colonne avait traversé les bois d'Attignéville et de la Gâte- folle et ses cavaliers avaient poussé une pointe vers la Meuse, à hauteur de Domrémy. On séjourna à la Hayevaux, du 10 au matin au 20 au soir. JI était en effet de toute nécessité, après une marche de 40 kilomètres, par un froid des plus rigoureux, à travers champs ou dans des chemins défoncés, couverts de neige et de verglas, de faire reposer nos hommes et nos animaux. Vu l'insuffisance de place à la ferme de la Hayevaux, je fus m'établir, avec ma compagnie et 2 compagnies du Gard, à la ferme d'Orvillet située à quelques centaines de mètres, sur la droite de la route de Nancy... Les deux cantonnements furent entourés d'avant-postes. Encore Bulher.-... A peine étions-nous
installés dans notre gîte, que la grand'garde me prévint qu'en avant d'elle,
et pas très loin, on venait de voir passer sous bois une troupe, qui avait du
reste été reconnue pour être la section de partisans de M. Buhler. Je
donnai l'ordre de l'arrêter. M. Bulher me fut ainsi amené et je lui
reprochai sévèrement son intempestivité. Je pris sur moi de l'obliger à
retourner au-delà de la ligne Neufchâteau-Mirecourt, " quelles que "
fussent les instructions supérieures qu'il eût entre les mains ". Ernouf relate, avec un peu plus de distance : Bühler rentrera au Dépôt de son Régiment, à
Valence, le 14 Février 1871. Il ne s'agit déjà plus des "Chasseurs de
l'ex-Garde", puisque le régiment a été transformé en 13e
Chasseurs à Cheval le 4 Février 1871. Bühler sera nommé Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 22 Mars 1872. Il sera décoré le 16 Juin à Bordeaux par le Général d'Aurelles de Paladines, "à l'heure de la parade (...) et après avoir fait prendre les armes à la Garnison". Bühler prendra sa retraite le 2 Avril 1874. Il décède le 21 Octobre 1881. La photo est dédicacée à Mr et Me CLERE, notaire. Faverney, ville de Haute-Saône, revêtait une grande importance comme passage d'une des seules lignes ferrées pouvant servir au ravitaillement des troupes allemandes (ligne Blainville - Épinal - Faverney - Chaumont) - une cible de choix pour des francs-tireurs ! |