France
Chasseurs à Cheval de la Garde Impériale


Carte de Visite non signée
Victor MASSENA D'ESSLING DE RIVOLI,
Sous-Lieutenant aux Chasseurs de la Garde Impériale


Victor Masséna d'Essling de Rivoli est né le 14 Janvier 1836 à Paris, le fils de François-Victor et de Anna DEBELLE - et surtout le petit-fils du Maréchal André MASSENA.

Engagé Volontaire le 11 Novembre 1854 au 2e Bataillon de Chasseurs à pied, il rejoint l'Ecole Impériale Spéciale Militaire le lendemain.
Il y devient Elève de 1re Classe le 1er Septembre 1855 - il sortira de l'école avec le No.343 sur 416, et de la section de cavalerie de l'école avec le No.64 sur 66.

Nommé Sous-Lieutenant, il rejoint le 3e Lanciers le 31 Octobre 1856 - pour prendre rang du 1er Octobre.

Il passe aux Chasseurs à Cheval de la Garde Impériale par suite de permutation en date du 16 Janvier 1858, arrivant au corps le 30 dudit.

A l'approche de la Campagne d'Italie, il est "détaché auprès de Mr. le Maréchal commandant en chef la Garde Impériale (Nota : Régnaud de Saint-Jean d'Angély) en qualité d'officier d'ordonnance", le 4 Mai 1859.
Il prendra part à la campagne du 15 Mai au 12 Août 1859.
Après avoir assisté à Magenta, il est présent à Solferino - et sera décoré de la Légion d'Honneur au lendemain de cette bataille, le 25 Juin 1859.
Il rentre au corps le 15 Septembre 1859.


Dans ses "Souvenirs d'un Capitaine de Cavalerie (1851-1881)", Henri Choppin nous livre quelques anecdotes sur cet officier qu'il a connu aux Chasseurs de la Garde :

"(...) Un des hôtes de ce pavillon militaire était le lieutenant Masséna pour la troupe, Rivoli pour ses chefs et camarades. Il a servi avec distinction aux chasseurs à cheval de la Garde. Talonné par la marotte politique, il a jeté son épaulette aux orties pour devenir une jeune recrue du Palais-Bourbon. Son goût pour l'étude n'a pas été étranger à sa détermination. Sous le talpack du sous-lieutenant la tête travaillait, déjà, à l'élaboration de plusieurs travaux littéraires et artistiques, dont les plus remarquables sont : Les Missels imprimés à Venise de 1481 à 1500, édité par la librairie Rothschild, et les Livres à figures vénitiennes, publié par H. Leclerc. Les fantaisies de son colonel ont, peut-être, eu une influence sur sa décision pour quitter l'armée.

A l'ombre de l'aigrette blanche de son premier chef, et vu les éléments admirables, qui avaient servi à sa formation, le régiment ne laissait rien à désirer. Pendant six ans, en dehors de la campagne d'Italie, il n'y avait rien eu de saillant à signaler. Les trompettes
continuaient à bien sonner l'ordonnance, le service à se faire sans à-coup. Nommé général de brigade, M. de Cauvigny est remplacé par le colonel du 6e de chasseurs, M. Aristide de Gondrecourt, romancier passant pour avoir quelque valeur et connu comme officier des plus excentriques dans ses décisions. Il respecte le règlement et ne cesse de le lacérer à coups de canif. Il trouve charmant le coquet bonnet de police d'ordonnance, mais décide qu'on portera le képi de la ligne dans les garnisons autres que celle de Paris.

Deux jours après, on voit arriver, à la manœuvre, le sous-lieutenant de Rivoli et deux de ses camarades avec des couvre-chefs rappelant, par leur hauteur, celui légendaire du père Bugeaud, munis de visières semblant sortir des magasins des Quinze-Vingts.

Hilarité générale sur toute la ligne. La leçon était dure pour le chef qui l'avait provoquée ; il ne l'oublia pas. Comme il se mettait assez souvent dans son tort par ses extravagances sur la tenue, il était permis à ses subordonnés d'y aller de leur ut de poitrine et de chanter, comme dans Lucie :
En mon bon droit j'ai confiance, puisqu'on les mettait en demeure de violer l'ordonnance, qu'ils considéraient comme une arche sainte, sur laquelle aucun profane ne pouvait porter une main sacrilège.

Le colonel avait voulu faire le cours d'histoire aux sous-officiers pour leur donner une preuve de l'intérêt qu'il leur portait et décidé que, à la suite de compositions trimestrielles, les deux lauréats de son académie seraient invités à dîner au mess, avec l'insigne privilège de l'encadrer à table. Quel fut l'étonnement des convives, à la première réunion, quand ils virent que l'amphitryon de circonstance faisait servir une bouteille de bordeaux en l'honneur des deux aigles de la salle des écoles. Une minute après, des coupes étaient posées devant chaque officier, à l'exception du président de cette Cène militaire et de ses deux larrons, assourdis par le bruit répété des bouchons de champagne et les éclats de rire de l'assistance. Je ne sais pas si le maître d'hôtel avait reçu l'ordre de M. le sous-lieutenant de Rivoli, mais je puis affirmer qu'il venait de son côté. Aristide ne se démonte pas, lève son verre teinté de rouge en l'honneur des deux sous-officiers, confus d'assister à la leçon que leur grand chef venait de recevoir, ce qui ne l'empêche pas de parler de mousquetaires et de bénédictins, de César et de Napoléon, des Mèdes, des Grecs et d'autres choses encore. La soirée se termina par le galop final du cahier vert de la musique, qui avait été appelée à prêter son concours à cette fête de la science.

Quelques jours après, le peloton de M. Rivoli était de parade ; il se présente dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire dans une tenue impeccable. Le colonel en passe la revue, porte une attention minutieuse sur les moindres détails, propreté corporelle et du linge des hommes, ferrure, crins, ne trouve pas une agrafe de manteau à recoudre. Il donne l'ordre à l'officier de faire l'appel de mémoire, sans regarder les hommes. On a toujours cru, au régiment, que cette brimade avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Bientôt, la cavalerie comptait un officier démissionnaire de plus. Le sous-lieutenant de Rivoli avait été décoré pour sa belle conduite à Solférino."


Rivoli sera promu Lieutenant le 12 Août 1861.
Sa démission est acceptée par le décret Impérial du 11 Août 1862 (lettre d'avis parvenue au corps le 28 Août).

La carrière politique qui suit, sa vie mondaine ou son enracinement Niçois sont bien connus et appelleraient des développements trop extensifs pour ces modestes pages...