"Die Zöglinge
der Wiener-Neustädter Militär-Akademie" (1894) nous
livre la notice suivante :
"Viktor von Pokorny,
né le 1er Février 1843 à Troppau , (issu du Kadetten-Institut
de Hainburg), Unterlieutenant le 1er septembre 1861 aux Radetzky-Huszaren
No.5, Oberlieutenant le 1er Mai 1866, il a fait la campagne de 1866
contre la Prusse, a été blessé dans les combats
de reconnaissance de Sucha (2 Juillet), et pour sa conduite en cette
occasion, a été décoré de l'Ordre de
la Couronne de Fer de 3e Classe et l'Ordre Royal Militaire de St.-Heinrich
de Saxe. A la veille de la bataille de Königgrätz, Pokorny
a été envoyé en avant du bivouac de Kuklena dans
la direction de Stösser près de Liskowitz pour reconnaître
la position de l'ennemi. A Wonislau il observa le camp prussien à
une distance de 800 pas, puis prit le chemin du retour par la même
route, mais il trouva un fort détachement de dragons prussiens
installé entre Petrowitz et Sucha ; il ne restait plus qu'à
foncer au travers. Pokorny se jetta par conséquent sur l'ennemi
au mépris de la mort, mais il fut blessé au bras droit
et coincé sous son cheval, tué au même moment. Néanmoins,
il a réussi à se dégager et à remonter à
cheval, sur quoi il traversa l'ennemi avec son Peloton et rejoint heuresement
le bivouac.
A sa sortie de la Kriegschule le 16 Novembre 1870 Pokorny était
détaché au General-Stab comme officier d'état major
général à la brigade Jonak de Vienne, il fut promu
Rittmeister 1. Classe le 1er Mai 1872, et nommé Generalstabsofficier
le 1er Novembre suivant, rentra le 1er Décembre 1874 à
son régiment ; nommé au Generalstab le 1er Octobre 1875,
il prit part comme Officier d'Etat-Major à l'occupation de la
Bosnie et de la Herzégovine, et reçut en reconnaisance
de sa conduite extrèmement brave et méritoire la Militär-Verdienst-Kreuz
le 3 Décembre 1878.
Sa promotion comme Major suivit le 1er Mai 1879, comme Chef d'Etat-Major
de la 33. Infanterie-Truppen-Division ; le 8 Octobre 1881, il rentra
dans son corps de troups au Radetzky-Huszaren Nr.5, dans lequel il fut
promu Oberstlieutenant le 1er Mai 1883.
Le 30 Septembre 1883, il fut rappelé au General-Stab, fut nommé
Chef d'Etat-Major du 10.Corps le 14 Octobre 1885, et promu dans ce poste
au grade d'Oberst le 1er Novembre 1886 ; il prit le 18 Octobre 1891
le comandement de la 27. Infanterie-Brigade de Pressburg, à l'occasion
de quoi il fut décoré de la Ritterkreuz du Leopold-Orden
en reconnaissance de ses précédents services, et fut promu
ensuite Generalmajor le 1er Mai 1892. Pokorny avait reçu le 3
Octobre 1875 la Ritterkreuz de l'Albrechts-Orden de Saxe, et depuis
le 2 Octobre 1881 la Comthurkreuz du même ordre, ainsi que la
Croix de Chevalier de la Légion d'honneur Française. Il
est marié avec Eugenie Anna Schemlain depuis le 18 Octobre 1870
et a été élevé le 28 Avril 1882 au Ritterstand
Autrichien."
La reconnaissance de Pokorny
lors de la Guerre de 1866 est relatée par l'Oberstlieutenant
A.v. Schönovsy dans un article de ses "Taktische
Studien" consacré
à la Patrouille (Streffleurs
militärische Zeitschrift, 1875) :
"Un exemple tiré
de l'année 1866 devrait confirmer ce qui a été
dit ici :
L'armée autrichienne après sa retraite sur la Bistritz,
qui n'avait été nullement troublée par les Prussiens,
avait perdu de ce fait le contact avec l'ennemi et ne savait absolument
pas, arrivée à Königgrätz, si l'adversaire avait
saisi cette occasion pour réunir ses armées auparavant
séparées, ou si cette réunion était prévue
plus tard, et que donc leur propre armée a été
suivie.
Afin de mettre un terme à cette incertitude, le GM. Baron Edelsheim
décida d'établir le contact avec l'ennemi en avant de
l'aile gauche de l'armée autrichienne, et envoya à cet
effet à partir du camp de Kuklena trois patrouilles de cavalerie,
la première dans la direction de Smidar, la deuxième vers
Horic et le troisième vers Chlumec. La première de ces
3 patrouilles sous le commandement de l'Oberlieutenant Victor v.
Pokorny du 5. Huszaren-Regiment reçoit les ordres suivants
: Il devait se porter avec son peloton (30 hommes) sur Stezer, Pfim,
Popovic, Sacha et Petrovic près Misloves. S'il ne rencontrait
pas d'ennemi jusque là, il devait en rendre compte, puis continuer
sur Wohnistan, Chomutic sur la chaussée Jicin-Hofic jusqu'à
ce qu'il rencontre l'ennemi. Il était encore précisé,
qu'il n'était pas nécessaire qu'il rentre le jour même,
mais pouvait au besoin bivouaquer à Misloves ou Sucha.
A 8-3/4 du matin, la patrouille rentra de Kuklena et l'Oberlieutenant
Pokorny dû réquisitionner des guides de place en
place, car que le terrain était montagneux et couvert de forêts,
et que les routes devaient bien évidément être évitées.
L'avancée suivit avec prudence et lenteur, car le terrain devait
être reconnu sans omettre aucune direction.
Bientôt dans Petrovic, puis de nouveau à Misloves, les
habitants témoignèrent que des détachements ennemis
y avaient effectué des réquisitions. Une depêche
fut envoyée de ce à 3-1/2 de l'après-midi, relatant
"qu'il n'y avait actuellement aucun ennemi à Misloves, mais
que, selon les témoignages des habitants, de Hussards Rouges
y était le matin même, que l'ennemi avait été
vu dans tous les alentours, et devait déjà être
très proche." La patrouille prit ensuite la direction de
Neu-Wohnistan. Derrière ce lieu, l'Oberlieutenant Pokorny
vit à une faible distance, une important fumée qui provenait
de feux de camp.
Suivant les instructions
qu'il avait reçues, il voulut voir l'ennemi de ses propres yeux,
fit donc le tour de la colline et contempla un camp de 4-6000 hommes
de toutes armes, à la distance de seulement 800 pas devant lui.
Le fait est qu'aucun avant-poste n'avait été mis en place.
Toutefois, la patrouille ne pouvait pas songer, de jour et après
avoir déjà parcouru quatre miles, à fondre sur
un camp de 4 à 6 régiments avec seulement 28 hommes (il
aurait été facile d'exécuter un tel coup de main
sur des avant-postes), mais devait plutôt sagement prendre soin
de ne pas être anéantie. Dans ces conditions, il ne fallait
plus penser à poursuivre la marche sur la chaussée Hofic-Jicin,
et le retrait fut donc ordonné.
1 Führer et 9 Huszaren fermaient la marche de la patrouille rentrant
sur Sucha. Arrivé derrière ce lieu (l'Oberlieutenant Pokorny
n'est pas tout à fait sûr qu'il s'agissait vraiment de
Sucha), 10 dragons ennemis sortirent d'une forêt sur le flanc
gauche de la patrouille. L'Oberlieutenant Pokorny lança
un nombre égal de ses hommes, qui aussitôt attaquent et
chassent l'ennemi. A peine la patrouille était-elle de nouveau
réunie, que surgit d'une forêt sur le flanc droit un détachement
ennemi plus nombreux ; l'Oberlieutenant Pokorny déploya
ses 18 hommes restant (l'arrière-garde avait disparu trop loin,
et n'avait pas encore rejoint) sur un rang puis les lança à
l'attaque, bien que l'ennemi, sur deux rangs, présentait un front
plus large, étant au moins deux fois plus fort que la patrouille.
A environ 100 pas, l'officier
ennemi fit halte et fit prépaper les carabines, sur quoi Pokorny
ordonna aussitôt "Marsch-Marsch." La salve ne cause
pas de dommages, et la patrouille aborda les dragons ennemis avant qu'ils
n'aient le temps de saisir leurs sabres. La mêlée qui s'ensuivit
alors se concentrait autour des deux commandants qui s'étaient
jetés l'un sur l'autre ; un coup de l'officier ennemi, porté
sur le bras gauche de Pokorny, entame sa pelisse, Pokorny
jette son adversaire de cheval, mais l'instant d'après le Cheval
de Pokorny s'écrase, frappé de deux cous de sabre
à la tête, tandis qu'un coup de crosse de carabine lui
blesse l'épaule droite. Les Hussards dégagent leur officier,
le mettent sur un autre cheval et s'échappent. Combien l'attaque
avait surpris les dragons prussiens est évident, du fait que
la poursuite des hussards ne débuta après la fin du corps
à corps, qu'alors que ces derniers avaient déjà
une avance de 100 pas.
L'arrière-garde, alertée par les coups de feu, arriva
alors, se jeta sur les dragons ennemis et capturèrent le cheval
de l'officier ennemi. Le résultat du combat était qu'un
Hussard était mort, mais sinon, la patrouille rentrait complète
avec hommes et chevaux, dont certains étaient cependant touchés.
Le plus grand résultat, cependant, est que l'on pouvait dire
avec certitude que l'on avait rencontré des cavaliers de Neumark,
ce dont le cheval, la veste et les bagages capturés de l'officier
ennemi fournirent la preuve.
Une fois que l'on su que les dragons de Neumark appartenaient à
l'armée du prince Frédéric-Charles, on a donc su
clairement qui on avait en face, et dans quelle mesure cette armée
était avancée, et on a pu venir à la conclusion
qu'une retraite plus avant sur l'Elbe n'était plus ouverte sans
combat, et qu'il fallait par conséquent décider d'accepter
la bataille (de Königgrätz)."
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